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QUI ETAIT RENE BEHAINE ?       

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1880 - 1966

 

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Bibliographie   Sur René Béhaine

 

Un amateur de René BOYLESVE s'intéressant à cet écrivain, a pu constater le peu de traces de lui qui subsistent. Aucune biographie le concernant peu d'études ou de thèses sur son œuvre, ce qui peut être considéré comme étonnant s'agissant d'un auteur original, mort en 1960. L'intérêt pour René Béhaine de quelqu'un qui partage mon goût pour René Boylesve m'a donné envie de connaître cet écrivain encore plus oublié que Boylesve - qui ne l'est que relativement - alors même qu'il est plus proche, chronologiquement, de nous.

 

Nous reprenons ici ce que nous avons pu trouver :

 

Le Dictionnaire des lettres françaises, du XXe siècle donne sur René Béhaine les renseignements suivants :

- De son vrai nom René Behenne, Né à Vervins, Aisne le 17 juin 1880, mort à Villefranche sur mer en 1966.

L'article le situe : "monarchiste et antibourgeois, spiritualiste et sans religion, patriote et objecteur de conscience, antiraciste et antisémite (*1, réactionnaire et révolté."

Il est évident que quelques unes de ces propositions semblent assez incompatibles et de nature à donner l'idée d'une "personnalité déconcertante".

René Béhaine est intéressant pour avoir écrit un de ces romans cycliques (16 volumes selon l'ouvrage précité, dix sept selon deux autres sources qui reprennent certainement à tort le dernier volume paru figurant dans la bibliographie ci contre) qui dans notre littérature appartiennent tous à la première moitié du XXe siècle. (La Recherche du temps perdu de Proust, Les Thibault de Roger Martin du Gard, Les hommes de Bonne volonté de Jules Romains, Salavin et la Chronique des Pasquier de Duhamel, Jean-Christophe de Romain Rolland).

Les rares commentateurs ne sont pas tous d'accord avec René Lalou pour dire que c'est plus à une recherche intime que se livre l'auteur, qu'à l'étude de la société comme le titre pourrait le laisser penser. Cependant, c'est une préface même de l'auteur, au sixième volume, qui indique ce changement de direction.

Un seul livre de Béhaine connut un certain succès après un accueil enthousiaste de Léon Daudet. L'ensemble de l'œuvre fut couronnée par la Société des gens de lettres en 1958.

Il existe un fonds René Béhaine à l'IMEC, un dépôt d'archives à la bibliothèque Jacques-Doucet.

Une étude faillit être écrite par l'écrivain belge d'expression française Jean Muno 1924 - 1988, qui fit de Béhaine le thème, de sa thèse de doctorat en 1949, abandonnée l'année suivante.

Un professeur canadien, Albert Feuillerat (1874 - 1953) a écrit un article : Un précurseur de Proust : René Béhaine, dans le Bulletin des études françaises de mars 1942.

Enfin Viviane Smith écrivit ce qui est certainement la seule thèse consacrée à Béhaine : La première manière de René Béhaine.

*1) Mais dire d'un antisémite qu'il est antiraciste, n'est-ce pas faire preuve d'antisémitisme et de racisme ? On ne peut pas, en effet être antiraciste si l'on est antisémite, l'antisémitisme est un racisme, rendre les Juifs responsables de tout ce qui va mal, prétendre qu'ils sont une race maudite parce qu'ils auraient tué leur Dieu, c'est un racisme et sachant ce à quoi il a conduit durant notre histoire, l'histoire de la chrétienté, c'est peut-être la souche de tous les racismes.

 BIBLIOGRAPHIE DE RENE BEHAINE

Histoire d'une société :

- Conquête de la vie 1898 (Première publication en partie réutilisée dans le volume 4)   

- Alfred Varambaud 1904

- Céline Armelle 1905

- Michel Varambaud 1906

(Les trois regroupés dans Les Nouveaux venus)

-  1 Les nouveaux venus 1907

-  2 Les survivants 1914

-  3 Si jeunesse savait 1919

-  4 La conquête de la vie 1924

-  5 L'Enchantement du feu 1926

-  6 Avec les yeux de l'esprit 1928                                                                                                                           

-  7 Au prix même du bonheur 1930                                                                                                                                                Dédicace de Sous le Char de Kali au Marquis et à la Marquise d'Alcazar.

-  8 Dans la foule horrible des hommes 1932

-  9 La solitude et le silence 1933

- 10 Les signes dans le ciel 1935

- 11 O peuple infortuné 1936

- 12 Le jour de gloire 1939

- 13 Sous le char de Kâli 1947

- 14 La moisson des morts 1957

- 15 L'aveugle devant son miroir 1958

- 16 Le seul amour 1959

- Pièces à conviction 1960 (Morceaux choisis)

 SUR RENE BEHAINE

Viviane SMITH : La première manière de René Béhaine, doctorat d'université Paris - Sorbonne 1978. Sans contestation possible, l'ouvrage le plus documenté sur cet auteur.

Léon Daudet consacre un chapitre élogieux de Ecrivains et Artistes à René Behaine. (Tome huitième)

René Lalou lui consacre trois pages d'une analyse assez fine dans son Histoire de la littérature française (Volume 2, pp836-838)

Un paragraphe lui est consacré pour un parallèle avec les Thibault dans le tableau du XXe siècle de Groos et Truc (p224)

Le très actuel Bompiani édité pour la version française chez Laffont (Bouquins) contient cinq articles à René Béhaine : L'Histoire d'une société (reprise pour seize volumes), Les Nouveaux venus, Les survivants, Au prix même du bonheur, Sous le char de Kali.

Roger Martin du Gard écrit une lettre à (Jean Paulhan) - correspondance générale, T VI 22-11-33 - pour demander un article sur René Béhaine, dans la NRF. Cette lettre évoque la situation matérielle difficile de René Béhaine. Plus tard, en reprochant à Paulhan de ne pas avoir accédé à sa demande, il aura un mot ambigu au sujet de Béhaine : "J'ai vu que Béhaine avait eu une voix au Goncourt - (1933 Malraux La condition humaine) - C'est un prix de vertu qu'il faudrait lui décerner!"

A rapprocher de la note expéditive de Léautaud (Journal XII p280 : "J'ouvre au hasard Le jour de gloire, de René Béhaine. Je lis : "Michel par contre restait sur une sorte de défensive méfiante." ..."Préciosité. Bavardage. Amphigouri."

Dans Mascarades littéraires, Yves Gandon nous donne une charge assez bien venue, sous forme d'un prologue au volume VII de l'Histoire d'une société, qui voit enfin, après un dernier contretemps et que le héros ait menacé d'un revolver Monsieur Béhaine, l'auteur, Michel et Catherine s'épouser. Dans ce livre Béhaine est en bonne compagnie : Giraudoux, Colette, Léautaud, Gide, Mauriac...

Non, cette page ne disparaîtra pas, mais elle épuisera certainement pour moi, le sujet Béhaine. Si la lecture des Nouveaux Venus, le premier volume du cycle, m'a laissé sur l'impression d'être en face d'un écrivain majeur, qui, au travers de ce livre, me donne une image intéressante et forte d'une réalité dans un style nouveau qui est à la fois terriblement annonciateur de Proust - la longue phrase, - et très différent - la structuration et l'absence "d'art" - la découverte, par hasard, en feuilletant un volume bien plus avancé dans l'œuvre - le douzième - d'une très longue charge antisémite, ajouté à l'intérêt moins fort du second volume consacré à la fin des aristocrates, me font douter de ma capacité à approfondir la connaissance de cet auteur.

Je comprends très bien, au travers de ma réaction, ce qui peut en détourner le public. En 1939, dans ce volume, douzième de son histoire de la société, il nous donne un long délire antisémite qui fait douter de son équilibre mental. Tout y est. L'aspect, le nom (!), le meurtre du Christ, l'errance, la représentation du mal, le protocole et le complot... Mais surtout, il y a dans la façon d'exprimer ses sentiments une sorte de haine froide, venue de la nuit des temps qui fait... froid dans le dos. Cette haine irrationnelle, reprenant tous les poncifs du genre, laisse atterré. Je ne condamne pas Béhaine pour délit d'opinion, il me décourage tellement par cet aspect de son œuvre que ma capacité de le lire s'en trouve considérablement réduite, que la crainte de tomber au détour d'une page sur une de ces tirades m'empêche, la plupart du temps, d'ouvrir le livre et que ce qui devrait être plaisir me devient presque corvée. Ce n'est pas, comme avec Céline, une œuvre sans intérêt réel, dont je m'éloigne sans regret, c'est quelque chose qui m'est gâté par cet aspect, cette lèpre d'une partie de la société française de cette époque que Béhaine reflète bien, non dans son œuvre sous forme de personnage - témoin, mais dans l'expression de sa propre pensée. Au contraire de Céline qui ne reflète que l'antisémitisme populaire, celui de Béhaine est celui des gens cultivés. Il n'est cependant pas très différent dans son essence et si son expression est plus recherchée, il n'en demeure pas moins d'un niveau intellectuel extrêmement médiocre confinant à la folie.

Là où des fous de son genre verront complot contre une œuvre qui... je ne vois que découragement de la part d'un lecteur équilibré.

Oui, Béhaine mérite bien ce commentaire sur fond gris que j'utilise pour symboliser tout ce qui est peste brune!

8 octobre 2002

 

Depuis la publication de cette page un site René Behaine  ( René Behaine ) a été créé par Xavier Soleil. Je comprends et admets très bien l'enthousiasme que peut susciter cet auteur. Je pourrais souscrire à presque tout ce qui est dit de lui sur ce site. C'est simplement la crainte de tomber au fil de ma lecture sur des passages antisémites délirants comme cela m'est arrivé qui m'a éloigné définitivement et à regret de lui. On pourra s'étonner de cette crainte, ce serait oublier - ou ne pas avoir assez de sensibilité pour imaginer - ce que signifie cette pensée glauque pour ceux qui se sentent marqués dans leur chair par l'entreprise d'extermination qu'ont mené d'autres antisémites;

Mise à jour : 10 octobre 2002

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