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LIVRES DE SOUVENIRS

(Non littéraires)

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Je ne suis pas consommateur de ce type de livres pourtant aujourd'hui très recherché par un public avide de notoriété et tentent, au travers de livres souvent insanes, de gens connus, de s'imaginer célèbres, la célébrité, aujourd'hui plus que jamais, n'ayant strictement rien avoir avec le mérite. N'importe quel malfaiteur : homme politique, voleur, banquier ou homme d'affaires, juge ou procureur, avocat, putain (encore là a-t-on affaire souvent à des femmes honnêtes), sportif, journaliste, peut publier ce type de livres, écrit ou pas par l'auteur qui le signe. Le public se jette dessus et se gave de conneries à cent sous, comme disaient nos ancêtres à l'époque où l'euro n'avait pas multiplié les prix et réduit le pouvoir d'achat, - merci M. Delors, -.

Pourtant, une fois de temps en temps, j'ai la faiblesse de lire un de ces livres de mémoire passant encore sur un avis bien établi : la nullité des mémoires, même de grands écrivains, ces dernières étant toujours du rafistolé, du reconstruit pour la galerie et étant de plus soumis aux règles de base de la mémoire qui n'est pas l'outil du souvenir contrairement à ce que crois le commun, mais un outil de survie qui modifie l'image de notre passé pour le rendre compatible avec notre présent et celle que nous nous faisons de notre avenir et pour nous permettre d'être en paix avec nous.

 

 Francis Veber : Que cela reste entre-nous. Laffont, 2010

Je tiens Francis Veber pour le maître de sa génération en ce qui concerne le film comique français. Deux films suffiraient à son palmarès : la Chèvre et le Diner de cons. Ce type de film n'a en général pas l'heurt de plaire à la critique intellectuelle - entendez prétentieuse de quelques revues de seconde zone qui s'estiment importantes grâce au volume de publicité qui fleurit dans leurs pages : Nouvel Observateur, L'Express, Le Point par exemple ... Il y a une scène du Diner de cons qui est certainement la meilleure du cinéma comique de situation, c'est celle où l'éditeur - le méchant - s'aperçoit, quand sa maîtresse arrive chez lui, que le con a mis sa femme à la porte. Cette scène, amenée, et cela ajoute l'efficacité car le public a déjà préparé son rire, se déroule en plus devant l'ami du méchant qui spectateur est le miroir du rire du public et l'amplifie d'autant, le fait rebondir. Les couinements de la maîtresse un peu folle traitée d'hystérique, venant ponctuer la scène. C'est une scène que l'on peut regarder dix fois, qui fonctionne à chaque fois. Je rappellerais deux scènes de la Chèvre, celle du test des chaises, simple et efficace, et celle de la porte dans l'aérogare. Il y en a d'autres dans ce film et la malédiction pour les voyous, d'avoir touché à cette fille qui porte la poisse, est un effet burlesque très bien venu. On n'oubliera pas, dans un autre film, les Fugitifs, l'opération du vétérinaire, où Jean Carmet, plus délirant que jamais opère Depardieu en le traitant comme un chien au sens propre du mot. La chute de la Chèvre est à elle seule une petite merveille : enfin réunis, les deux malchanceux qui passent au-travers des pires catastrophes, sont lâchés sur l'Amazonie sur un radeau .... on sort de la salle en imaginant une suite délirante qui n'a pas besoin d'être écrite et cela est très fort.

Le livre de souvenirs de Francis Veber est écrit dans une langue vive, il ne s'attarde sur aucun sujet et mène tambour battant son lecteur. Il ne balance pas mais dit les choses sans chercher d'effets sensationnels. Il ne se met pas en valeur plus qu'il ne se dénigre. La balance est la même pour lui que pour ses héros, les acteurs, producteurs, metteurs en scène et autres qu'il a connu tout au long d'une carrière variée. Qu'il évoque sa famille ou son métier il sait avoir le trait léger tout en donnant une dimension certaine à des personnages tels que Depardieu, Villeret ... Un livre qu'on lit avec intérêt et au rythme de l'auteur comme si l'on regardait un de ses films et un témoignage simple et modeste sur le monde du spectacle.