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LES ŒUVRES : Leurs oeuvres

 

 

TRENTE JOURNÉES QUI ONT FAIT LA FRANCE

Gallimard

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La bibliothèque de la Pléiade n'est pas la seule collection prestigieuse de la Maison Gallimard. Il y en eut d'autres par le passé et parmi elles Les Trente Journées qui ont fait la France. Ce titre à lui seul sent bon la Troisième République et l'époque héroïque de ses débuts, quand elle renversait la calotte réactionnaire et sectaire et que la France était encore un pays, une nation, et non pas le champs clos des rivalités de politiciens impuissants, médiocres dont le seul moteur est l'ambition démesurée des malades ! On le sait cette Troisième République finit mal sous la trahison de la Bourgeoisie française hitlérienne et l'incompétence devenue traditionnelle depuis 1870, des généraux français qu'il s'agisse des guerres franco-allemandes ou des guerres d'indépendance des colonies. Trente journées qui ont fait la France, cela rappelle les livres d'histoire qui nous ont donné le goût de cette discipline qui n'est plus enseignée de nos jours par une Education Nationale qui est plus une fabrique à crétins pseudos-républicains ou pseudo-socialistes dont les credo doivent être la détestation de la nation française, la repentance tout azimut et la reconnaissance des bienfaits de l'Islam ! La république laïque est morte sous les coups des abrutis qui ont pris le pouvoir sans partage en 1974 et auxquels le fascisme mou de la Vème république gaullienne avait bien préparé le chemin. Point besoin d'histoire dans un pays qui tient ses vérités des Droits de l'Homme et de pseudo-nécessités économico-financières qui bizarrement comportent celui de crever sans toit, sans travail et sans soin et dans lequel un hystérique peut faire un cadeau de 40 000 000 000 d'euros en pure perte sans consulter une Assemblée qui n'a plus de nationale que le nom tant son mode d'élection, truqué, en fait une caricature morbide de la démocratie. Le jour de l'accession au pouvoir de Giscard pas plus d'Estaing que moi, la France a plongé dans les bas fonds de l'horreur mondio-européenne et la corruption est devenu non plus un moyen de pouvoir, mais le but suprême du monde politique, qu'attendre de plus d'un zigoto dont le nom même fleure bon l'imposture ! Gallimard pourrait aujourd'hui ajouter l'Opus de l'horreur finale dans sa collection : "1974, descente aux enfers" ! reste à trouver l'auteur !

Pour être honnête, la référence à l'histoire en image d'Epinal s'arrête aux titres et à la référence à trente journées, les ouvrages en réalité, sous couvert de dates cruciales, traitent d'époques et rendent compte de leur contexte dans toutes ses dimensions.

Une des originalités de cette collection est d'être ouverte aux historiens comme aux écrivains. On y trouve ainsi à coté de Zoe Oldenbourg, cette grande romancière injustement oubliée qui fut également une historienne, les noms de José Cabanis à qui l'on doit outre l'ouvrage figurant dans cette collection, le remarquable ouvrage sur Le Règne de Charles Dix, Jean-Louis Bory, Jean Giono, mais aussi un Emmanuel Berl, touche à tout, bien placé pour évoquer cette fin de la IIIème République qu'il a vécu de près ou un politicien tel Edgar Faure qui sera le seul à traiter deux titres et qui était un homme intelligent et cultivé, espèce disparue depuis longtemps du monde politique qui ne publie plus que des ouvrages écrits par des nègres ou des insanités affligeantes et souvent les deux d'un coup !

On trouve les livres de cette collection dans deux présentations, l'une brochée, couverture blanche, titre rouge, nom de la collection bleu et des auteurs en noir, l'autre reliée toile, beige, portant une illustration gravée en relief sur la première page de couverture.

 

La collection :

Le Baptême de Clovis, Georges Tessier

La Bataille de Poitiers, Jean-Henri Roy et Jean Deviosse

Le couronnement de Charlemagne, Robert Folz

L'avènement de Hugues Capet, R.H. Bautier

Le Bûcher de Montségur, Zoé Oldenbourg

Le dimanche de Bouvines, Georges Duby

L'attentat d'Anagni, Levis-Mirepoix (bizarrement qualifié de Duc, titre archaïque abolit par la Révolution française !)

Le meurtre d'Étienne Marcel, Jacques d'Avout

La libération d'Orléans, Régine Pernoud

La mort de Charles le Téméraire, Pierre Fréderix

Le désastre de Pavie, Jean Giono

Le Massacre de la Saint-Barthélemy, Philippe Erlanger

L'Assassinat d'Henri IV, Roland Mounier

La journée des dupes, Georges Mongrédien

La banqueroute de Law, Edgar Faure

La disgrâce de Turgot, Edgar Faure

La prise de la Bastille, Jacques Godechot

La chute de la royauté, Marcel Reinhard

La conjuration du neuf thermidor, Gérard Walter

Le dix-huit Brumaire, Albert Ollivier

Le sacre de Napoléon, José Cabanis

Waterloo, Robert Margerit

La révolution de juillet, Jean-Louis Bory

Le coup d'état du 2 décembre, François Mitterand

La première résurrection de la République, Henri Guillemin

La proclamation de la Commune, Henri Lefebvre

La victoire de la Marne, Henry Contamine

L'Armistice de Rethondes, Pierre Renouvin

La fin de la IIIème République, Emmanuel Berl

De la chute à la Libération de Paris, Emmanuel d'Astier

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 La Bataille de Poitiers, Jean-Henri Roy et Jean Deviosse : Voilà un sujet qui se prête aux polémiques : Charles Martel a-t-il réellement arrêté l'invasion arabe ? La bataille de Poitiers n'est-elle pas la bataille de Tours ? A-t-elle réellement eu lieu ? ... Les auteurs retracent le contexte de l'Arabie de Mahomet à l'Austrasie et à la Neustrie de Charles Martel. On y suit la progression des pillards arabes qui propagent le Coran dans un monde ouvert, peu combatif et livré aux nombreuses hérésies chrétiennes qui marquent une époque d'errements du christianisme, les deux grands empires de l'époque, le Byzantin et le Perse, étant en difficulté essentiellement en raison de leurs affrontements. Ce qui ressort de leur étude appuyée sur de nombreuses références et qui tente de faire le tour des hypothèses en donnant des raisons de suivre telle ou telle plutôt que les autres, c'est que ce qu'il conviendrait mieux d'appeler l'Affrontement de Poitiers, même s'il fut une bataille, a bien été le début d'un évènement important. Les musulmans venant de l'Espagne conquise grâce à la trahison de ce qu'on pourrait appeler un collabo, un comte Julien, se livre à un de ces pillages qui peut se transformer en conquête s'il n'y a pas de résistance en face, c'est comme cela qu'ils ont depuis la mort du Prophète assuré leurs conquêtes, demeurant stratégiquement des pillards. Il est vraisemblable qu'ils étaient très nombreux pour l'époque, ils arrivent avec leur tribu - c'est-à-dire femmes et enfants -, ils pillent l'Aquitaine sans s'arrêter aux villes trop difficiles à prendre mais en mettant à sac celles qui ne se défendent pas assez bien. Charles Martel descend à l'appel du duc d'Aquitaine. Les deux partis s'observent après certainement des accrochages nombreux entre des partis du rezzou et des éléments de la troupe franque. Le choc a lieu, certainement proche de Poitiers. Le premier jour, le chef arabe est tué. Les arabes fuient la nuit qui suit abandonnant leur camp et la majeure partie du butin. Charles et ses hommes, aussi pillards ou presque que leurs ennemis ne les poursuivent pas et rentrent chez eux avec un butin important. Des éléments de l'armée arabo-berbère se sont éparpillés dans le sud et jusqu'en Bourgogne. Charles qui par son intervention en Aquitaine s'est imposé en suzerain sur cette région entre en Bourgogne l'année suivant la première bataille. Il nettoie le pays des forces musulmanes, descend plus au sud où les Sarrazins ont imposé leur influence à des populations qui cohabitent sans problème avec eux. Il prend Marseille, met le siège devant Narbonne, place forte des Sarrazins qu'il ne prendra pas. Il quitte le sud ou il reviendra une fois encore tenir en échec les Sarrazins et leurs alliés chrétiens. Ce sera la fin des grandes incursions musulmanes en France. D'après les auteurs, il est peu probable que Charles Martel ait eu conscience ou l'intention d'arrêter l'Islam, il a simplement trouvé l'occasion d'affronter un ennemi à sa dimension tout en étendant son influence. Les Musulmans Arabes ou Berbères, en bons pillards opportunistes, sentant que la partie est trop difficile n'y reviendront pas, des querelles internes éclateront très rapidement dans leurs conquêtes d'Afrique du Nord qui les détourneront définitivement de l'Europe où ils ne garderont pour un temps, que l'Espagne. Un livre intelligent qui nous restitue une époque, des mentalités, qui tente de trouver le vraisemblable dans un événement devenu sensible, au cours des âges et aujourd'hui encore pour diverses raisons. Je pense que le plus important dans cette étude est la façon dont les auteurs nous resituent les mentalités et motivations des différents partis et nous restituent une époque lointaine sur laquelle on raconte aujourd'hui pour de basses raisons d'opportunisme politicard de nombreuses sottises ... Selon moi un excellent ouvrage sur ce sujet, facile à lire et offrant une documentation intéressante. Les auteurs : Jean-Henri Roy, 1922-2012 (?) Résistant, compagnon de Leclerc en Indochine, professeur de philosophie à Châtellerault, un temps critique littéraire Aux Temps Moderne de Jean-Paul Sartre (Sources : Nouvelle République et blog de Gilles Michaud) Jean Deviosse : Ami de son co-auteur, dentiste-historien, auteur d'une  biographie de Charles Martel. (Mêmes sources, plus Tallandier, éditeur de la biographie de C.M.)

 Le Dimanche de Bouvines, Georges Duby : Voilà un livre qui peut dérouter. Georges Duby ne s'arrête pas au Dimanche de Bouvines, ce dimanche normalement, à cette époque, consacré au Seigneur (Dieu) et durant lequel on ne se battait pas, d'où le titre qui met en évidence une caractéristique de cette bataille : les ennemis de Philippe-Auguste l'ont attaqué un dimanche ! L'auteur nous met en condition de bien apprécier l'événement en nous situant longuement les mœurs et habitudes guerrières de l'époque, les tournois qui, interdits par l'Eglise, avaient pris tellement d'importance que les batailles étaient devenues des sortes de tournois un peu particuliers. Peu de féodaux y mourraient, on préférait les faire prisonniers et récupérer une rançon, seule la piétaille, dont l'auteur nous situe l'origine, était en danger. Il nous situe également, c'est plus classique, les tensions, entre qui se jouaient les parties. Le pape et Rome, l'Empire, Otton, l'Angleterre des Plantagenet avec leurs possessions françaises et le roi Capétien, lignée nouvelle qui avait encore à s'imposer et, dans chaque camp, les féodaux liés par le lignage et par les amitiés, les équipées de combattants de tournois. Mieux, dans la dernière partie de l'œuvre, il nous retrace l'histoire de l'histoire de la bataille. L'histoire de l'histoire, cela a toujours été mon rêve. J'ai toujours pensé qu'il ne fallait pas donner aux historiens plus qu'ils ne méritent, ils sont des hommes soumis aux pressions de leur époque et l'histoire qu'ils nous délivrent est souvent celle qui sert certains intérêts ou qui suit certains courants de pensée dominant leur époque. Ne croyons pas naïvement que cela a changé aujourd'hui, bien au contraire, jamais je pense, histoire ne fut plus révisée, tordue, niée, arrangée, pour plaire aux idéologues, on se bat même dans le Parlement français, où les députés issus d'élections truquées, manipulées, n'ayant aucune valeur démocratique et pas la moindre légitimité, n'ont rien d'autre à foutre qu'à débattre de l'histoire, désignant les génocides (en oubliant le plus grand de tous, le massacre des indiens d'Amérique du Nord) ou pérorant sur la colonisation, l'esclavagisme (oubliant les plus grands esclavagistes de l'histoire : les Arabes - qui le sont encore - et qui ont avec l'Islam, apporté ce fléau dans toute la Méditerranée du sud). Une phrase de Duby ressort de l'idéologie : "Que viendrait faire le récit de Bouvines dans un enseignement donné aux enfants d'une Europe rassemblée, au nom d'une histoire qui s'est longuement et justement battue pour se dégager des entraves de l'événementiel ? Notre temps chasse les batailles de sa mémoire. Il a raison." p 231. L'événementiel fait partie de l'histoire, parfois il la ponctue comme la ponctue les grandes inventions qui ne sont souvent que la mise en pratique d'autres inventions plus théoriques ou, dans le passé les explorations et découvertes. Sous l'histoire événementielle en coure une autre qui l'explique, sans laquelle on ne comprend rien, plus importante certes, du moins la plupart du temps, celle des grands courants de pensée, de l'économie, celle des techniques. Encore faut-il qu'il reste une histoire et qu'elle ne soit pas le monceau de conneries non structurées que l'on enseigne à nos pauvres enfants. L'Europe libérée du passé ? Quelle plaisanterie ! On vient de commémorer le dernier grand massacre, celui de Srebrenica, pour le comprendre il faut reconnaître le passé, pour l'éviter il aurait fallu des politiciens européens un peu moins cons, capables d'accepter les conséquences de ce passé, de ne pas défendre l'idée d'une Bosnie imbécile, irréelle, de trois ethnies ou de trois variantes d'une seule ethnie, trois variantes qui se détestent. Il est curieux que notre époque si prompte à déterrer des victimes, n'ait pas été capable de reconnaître le passé terrible des Serbes, victimes des Bosniaques musulmans, les slaves collabos de la dictature turque, des Croates, ces sbires de l'Autriche, ces alliés de Hitler ! Non, l'Europe des crétins qui la gouverne a jugé, au nom des principes, que les Serbes ne devaient pas retrouver leur pays, que les trois composantes de ces Slaves du sud devaient vivre ensemble ! (Il y avait peut-être autre chose de moins avouable : le désir de contrer l'influence russe qui passe par la Serbie) Stupidité des théologues, qu'ils soient les crétins de Dieu ou les imbéciles des droits de l'homme ! L'histoire, tant qu'elle laisse des plaies béantes ne se referme pas ! Pour revenir à Bouvines, il est amusant de suivre les quelques pistes que nous donne Georges Duby, l'utilisation faites à différentes époques du souvenir de cette bataille ! Je dois dire que contrairement à ce qu'il écrit, dans les années cinquante du siècle dernier, on enseignait encore aux élèves du primaire que le bon roi Philippe-Auguste avait à Bouvines, scellé l'alliance de la monarchie et du peuple contre les féodaux et que les milices des villes libres, des Communes, y avaient joué le rôle déterminant. C'est peut-être qu'il suit la trace de l'histoire de l'histoire au travers des livres et que ceux ci marquent un temps de décalage par rapport aux hommes. Mes instituteurs enseignaient encore ce qu'ils avaient appris durant l'entre deux guerres. Cette histoire du Dimanche de Bouvines est de nature à permettre une vision juste d'un événement parfois sublimé, d'autrefois ignoré et qui ne mérite peut-être ni l'un ni l'autre !

 Le Massacre de la Saint-Barthélemy, Philippe Erlanger : C'est ici une histoire purement événementielle que nous déroule l'auteur. Des événements microscopiques qui croisent par hasard, presque, des événements plus importants tels la bataille de Lépante, qui ne fut pas la grande victoire souvent décrite même si elle fut décisive par ses conséquences. Les réformistes, les Huguenots affrontent les Catholiques défenseurs d'une Église corrompue et dénaturée qui n'hésite pas devant les massacres pour asseoir ou maintenir son autorité. Les Papes, souvent les Rois et Empereurs sont souvent des voyous sans foi ni loi qui au-delà des apparences courent après l'argent qui donne le pouvoir. D'un coté des fanatiques dans deux camps, de l'autre des corrompus et arrivistes, des nobles qui ne sont que des aventuriers traineurs de sabre, entre les deux, quand même, des modérés qui voudraient vivre. Pour quelles raisons ce massacre qui ne fut pas limité à Paris, qui eut des conséquences fâcheuses dans de nombreuses villes de province, a-t-il marqué profondément l'imaginaire français ? D'abord par son ampleur. Cinq à six mille morts à Paris, de dix à cent mille dans toute la France, en regard de la population de l'époque c'est beaucoup, c'est supérieur aux massacres de la libération en 1945 évalués de soixante à cent dix mille morts. Nous y reviendrons car il y a des rapprochements intéressants à faire entre les deux. Ensuite par la trahison et l'étranger en embuscade. Enfin par la sottise religieuse toujours prête à se réveiller, pas encore morte de nos jours et qui n'épargne aucune religion, aucune croyance absolue. La Saint-Barthélemy, l'auteur nous le fait bien ressentir, est le résultat de l'impuissance du pouvoir. Catherine de Médicis se bat pour sauvegarder l'autorité royale qui est le ciment de la France à cette époque. Face à elle trois partis comme on l'a vu. Les Catholiques fanatiques autour des Guise dont le chef sera en apparence son fils favori, le Duc d'Anjou, futur Henri III. Les Guise sont une grande famille qui représente tout ce qu'il y a toujours eu de haïssable en France : la corruption, l'Eglise romaine elle aussi corrompue, la trahison pour servir des intérêts particuliers, le crime comme instrument. Les Huguenots dont le parti est dirigé par Jeanne d'Albret, reine de Navarre, la mère du futur Henri IV et l'Amiral, Gaspard de Chatillon, Coligny. Chez les Guise l'argent espagnol coule à flots, il sert les intérêts du Cardinal, un des prélats les plus corrompus de la chrétienté et ses acolytes dont le célèbre Henri. Chez les Huguenots on se tourne vers Elisabeth d'Angleterre, personnage retors et sans parole. Là aussi on n'hésite pas à trahir même si c'est pour se défendre et l'on croit naïvement à la solidarité des Réformés. Comment Catherine de Médicis qui veut profondément la paix dans le royaume déclenchera-t-elle ce massacre qui sera le pire des massacres des guerres de religions même s'il n'est pas le premier et s'il y en a eu dans les deux camps ? Nous suivons au jour le jour, d'heure en heure, la terrible machine qui se met en branle, qui soulèvera la haine et la sottise du populaire catholique, et qui nourrira les massacres. Un massacre qui présente toutes les caractéristiques odieuses d'une guerre civile. L'image de Charles IX, un roi dégénéré, fou, sanguinaire et instable est effrayante. Encore aujourd'hui, il serait bon de faire examiner les candidats aux hautes fonctions politiques afin d'en écarter les fous qui sont toujours prêts à déclencher, on l'a vu récemment, des guerres civiles pour servir leur intérêt et flatter la populace (récemment la bourgeoise sécuritaire) ! Le parti des massacreurs est le parti catholique, il est chargé de tous les maux dans cet événement. C'est lui qui est subordonné aux deux puissances maléfiques de l'époque : le roi d'Espagne et la papauté. Elisabeth d'Angleterre est la vraie responsable du massacre qui est le fruit involontaire des intrigues de Catherine de Médicis consciente de sa trahison prochaine dans l'affaire des Flandres. A la libération de la France en 1945, nous aurons encore le parti catholique, le parti de la papauté avec tous les évêques (sauf un), tous les cardinaux, collaborateurs derrière le très catholique Philippe Pétain, traitre, furieusement antisémite et allié des nazis, qui paie ses années de crimes et de soumission à l'étranger. Les massacreurs seront cette fois le "bon parti", lui aussi lié à l'étranger, le bon de l'époque (dans la coalition duquel figure quand même Staline !), mais l'étranger quand même ! Sous couvert de règlement de comptes il y aura comme à la Saint-Barthélemy, comme dans toutes les guerres civiles, les crimes de droit commun, le voisin qui dépouille son voisin, le chef des universitaires qui fait tuer son rival, l'écrivain qui interdit les autres et les ferait bien fusiller, il y en aura d'ailleurs un, les patrons qu'on assassine dans leur prison pour prendre leurs usines (je mélange volontairement les deux événements) ! Bref ... une guerre civile, c'est une guerre dans lequel le "bon" parti se compromet et devient presque aussi méprisable que le "mauvais" ! Marcel Aymé, dans Uranus, ne s'y est pas trompé. Mais la Saint-Barthélemy, c'est aussi le massacre des "bons" - les Huguenots - par les "mauvais", les catholiques, massacre devenu presqu'inévitable pour assurer l'indépendance de la France, massacre qui aurait eu lieu sous une forme ou sous une autre, par un camp ou l'autre, fatalement, les passions imbéciles (les religieuses en tête) étant incontournables. Pour mémoire autres grands massacres, hors libération, à Paris : Révolution française, la Terreur, plusieurs milliers de décapités, maître d'œuvre : Robespierre, instrument la Révolution qui éclaire le monde ! ; la liquidation de la Commune de Paris, 1871, maître d'œuvre : Adolphe Thiers, instrument : l'armée française, une armée de lâches battue par les Prussiens, de dix mille à dix-huit mille morts. A noter en cette première partie du XVIème siècle, l'importance de certaines femmes, des femmes de pouvoir et qui l'exerce, comme Élisabeth d'Angleterre et Catherine de Médicis ou Jeanne d'Albret, reine de Navarre, ou des courtisanes telle Diane de Poitiers.

 L'assassinat d'Henri IV, Roland Mousnier, Il y a plusieurs dimensions dans ce livre comme il y en eut plusieurs durant le règne difficile de Henri IV. D'abord, les guerres de religions qui sont la conséquence de la corruption extrême de l'Église catholique qui a donné naissance au Protestantisme et qui se doublent de la lutte pour le pouvoir temporel entre papes et rois et empereurs qui n'est pas encore terminée. L'Espagne est puissante, elle incarne le pouvoir catholique des papes mais le roi joue sa propre carte avec ses cousins Habsbourg. Il pourrait contrôler le monde occidental, n'étaient ... la France, l'Angleterre, la République de Venise et les princes protestants. Les Pays-Bas sont révoltés contre le pouvoir espagnol. Henri III assassiné, Henri IV, roi de Navarre lui succède. Il se convertit comme il l'a déjà fait une première fois sous la contrainte avant de revenir sur cette conversion arrachée. Son but est de pacifier la France et de lutter contre le pouvoir hispano-autrichien. Dans la première partie du livre, l'auteur nous analyse la situation du roi devant le droit catholique. Peut-on tuer, tuer un roi ? Oui, s'il est un tyran. Henri IV est-il un tyran, oui, répondent les catholiques extrémistes, puisqu'il accepte par l'Edit de Nantes, les Huguenots auxquels il laisse beaucoup de marge, dans son royaume, oui également parce qu'il est l'allié des Princes protestants et du roi d'Angleterre. Cependant il a des atouts dans son jeu coté catholique, ainsi les gallicans, jaloux des privilèges et l'indépendance de l'Eglise de France, accepte mal les tentatives du pape pour affirmer son pouvoir. La politique financière du roi est également analysée, s'il est vrai que Sully rétablit les finances, parvient à satisfaire aux besoins du roi, il est vrai également qu'il fait peser une pression fiscale forte, cela ne correspond pas à l'image traditionnelle du bon roi Henri .... mais cela est vrai et indispose beaucoup de gens. A la veille d'une nouvelle guerre, risquée, Henri IV est assassiné. Acte isolé, un fou manipulé par les Jésuites ou autres moines qui prêchent contre le roi ? L'ambiance est là, l'assassinat n'est pas dû au hasard, un autre aurait pu le commettre. L'examen des querelles religieuses est un monument à la connerie des religions, ici les chrétiennes, à la folie furieuses de ces croyants ivres de pouvoir, ne reculant devant aucun crime, aucune trahison. Finalement le règne difficile de Henri IV se termine comme il le devait compte tenu de la folie des sectes vaticanes et huguenotes. Un essai assez lent et fastidieux dans sa première partie, cela est dû au peu d'intérêt de l'examen des méfaits et doctrines religieux, plus intéressant dès qu'il débouche sur une vision globale des problèmes. On constatera la complexité relative du monde financier et fiscal de l'époque.

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