Ma judéité.

 

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                                « Je ne dois d’être encore vivant qu’à l’existence de deux papiers dus au hasard, une chose de plus que je n’ai pas connue mais que je ne peux pas oublier !» »

  

"Je me demande même si ça ne va pas aller plus loin. Je crains le pire : je crains la fraternité. Ils sont capables de tout. Ils sont parfaitement capables de me proclamer un des leurs. Viens avec nous, Juif: tu es des nôtres. Jusqu'à  présent, on nous avait massacrés, mais au moins on nous avait empêchés de nous mettre du côté du manche. Nous avons pu échapper ainsi à la chevalerie. Déclarés indignes de tenir l'épée, on nous a laissés le commerce et l'usure : nous avons pu ainsi éviter de nous déshonorer. C'est en vain que l'on nous chercherait parmi leurs croisés, les Saint Louis, les Simon de Montfort, les Napoléon, les Hitler et les Staline. Nous étions exclus de la noblesse. Les légendes dorées, les tapisseries historiques admirables, ce n'était pas pour nous. Mais voilà que se lève : sur nos têtes la menace absolue, celle qui nous ouvre à nous aussi toutes larges les portes de la chevalerie et des voies triomphales. Notre expérience est-elle encore assez vive dans notre mémoire et dans notre chair pour nous aider à résister à la tentation?"  Romain Gary La danse de Gengis Cohn fin du chapitre XII pages 76/77 de l'édition Soleil.

 

Cette terrible crainte de Romain Gary est entrain de se réaliser et, le pire, mais pouvait-on s'attendre à autre chose, est qu'elle se réalise contre des frères, des proches, de ceux, arabes, musulmans, qui n'ont jamais été antisémites, pour qui ce terme n'a d'ailleurs aucun sens! Le "manche" est dans la main d'Israël et il y a été mis, il y est maintenu par les américains et leurs amis saoudiens qui d'un mot pourraient mettre fin aux massacres d'enfants.

La xénophobie, c'est la porte honteuse du racisme, celle du lâche qui, pour ne pas se voir tel qu'il est, ne veut pas voir l'étranger qu'il hait.

Je préfère un gentil étranger à un méchant con français. La préférence nationale c'est le contraire, c'est l'association des méchants cons.

 

Je suis né en 1942, à Paris. A cette époque, le vent d'est nous apportait d'étranges particules ramassées dans des fumées grises inhabituelles, nous les respirions sans le savoir, c'est ainsi qu'aujourd'hui, nous sommes tous un peu juifs ou tziganes y compris ces antisémites, dinosaures de la pensée.

 

J'ignore si je suis d'origine juive ou non et je ne le saurai jamais parce que je ne veux pas le savoir, mes origines m'importent peu, je suis un homme cela me suffit. Longtemps, enfant, j'ai ignoré ce que signifiait " être juif ". Né pendant la guerre, j'étais trop jeune au moment des persécutions pour en avoir conscience. Je ne connus pas la peur et le désarroi de ma famille quand, à l'occasion du renouvellement de sa carte d'identité ma grand-mère dû faire la preuve qu'elle n'était pas juive, ainsi que son fils, mon père, parce qu'elle portait un nom d'origine allemande. La preuve qu'ils firent de leur non appartenance au judaïsme fut des plus légères. L'un et l'autre avaient été baptisés, et l'ignoraient. Ma grand-mère l’avait été à la demande de religieuses, lors d'un court séjour à l'assistance publique, mon père, alors qu'il était en nourrice en Auvergne avant ses trois ans. Un vieux curé sollicité pour des faux certificats de baptême, par ma mère, chrétienne, eut l'idée de faire des recherches ce qui permit ainsi d'en fournir d'authentiques. Authentiques certificats qui, bien entendu, ne prouvaient rien ! Mais les nazis comme les lepénistes d'aujourd'hui étaient non seulement des assassins mais aussi des cons qui pensaient qu'un certificat change un homme, au fond, les défenseurs actuels de frontières, ne sont-ils pas du même tonneau ?

 

Plus tard, après la guerre, je me souviens avoir entendu parler des horreurs, c'est un des mots qu'on utilisait. On en parlait à voix basse en se cachant de nous, les enfants, mes frères plus jeunes et moi. Le souvenir de ces discussions m'est resté, je dirais pour les qualifier qu'il me semblait qu'on pleurait. Il y avait une sorte d'accablement, un désespoir terrible. Ce désespoir fut, je pense, aggravé par le retour dans la commune où j'habitais, dix ans après la guerre, d'un déporté qui, après quatre  années dans les camps allemands, ayant été "libéré" par les soviétiques, avait eu le droit aux camps russes! Il était d'une maigreur effroyable, on nous dit qu'il avait été gavé pendant un mois avant d'être libéré. Il était faible et ne tenait pas debout. Les communistes du pays, pas mon père qui bien que communiste les méprisait avec raison - ils appartenaient à la lie du parti -, étaient venus pour conspuer ce qu'ils appelaient de la propagande, quand ils virent l'aspect de la propagande, ils disparurent.

 

Je crois que j'oubliais tout cela. Au collège j'eus des camarades, certains étaient peut-être juifs, je n'en sais rien, la question ne se posait pas (il n'y avait heureusement pas de question!). C'est alors que je commençais à peine à écrire que me tomba dessus ce que j'avais retenu de ces camps, de cette horreur qu'on s'était pourtant efforcé de me cacher. Je me souviens que le monde en fut obscurci, que ma vision de l'homme ne pouvait pas se démarquer de cela. Elle était une réalité qui me faisait peur de toutes les façons possibles. " Qu'on ait pu faire cela ", à des hommes, des femmes, des enfants ! Quelque chose de monstrueux s'était passé, quelque chose qui niait à mes yeux l'humanité, le droit de se dire un homme. Je ne sais pas si les chiffres jouaient, oui, bien entendu parce qu'il y avait eu " beaucoup " de gens ainsi traités. Beaucoup, des millions et même si la mort d’un seul est un scandale, le nombre ici était constitutif de l'horreur ! Le nombre et, inséparable, la façon ! On avait pour la première fois de l'histoire de cette façon, mis en marche une machine à tuer autre que la guerre, une industrie de la mort, une chose incroyable. Que des hommes aient pu planifier, organiser, réaliser cela, me semblait hors du possible, hors de l'histoire, hors de l'humain ! Je ne savais pas comment vivre après, avec en tête cette obsession ! J'écrivis deux textes courts dans lesquels je déversais sans y réfléchir, de façon allégorique, cette horreur qui me hantait, puis j'essayais d'oublier. Qu'on m'entende bien, je n'oubliais pas une seconde, quand je dis j'essayais d'oublier, je veux dire, j'essayais de vivre. Je fuyais et cela dure toujours, les photos, les documents insoutenables pour moi de ces horreurs. Il me semble que si je me rendais en pèlerinage dans un de ces camps, j'en mourrais. Dirais-je que le mot juif, que d'une certaine façon je m'appliquais, pas parce que je me sentais juif, parce que je ne pouvais être que juif face à ce qui s'était passé, question de survie, m'était douloureux ?

 

Je ne sais pas si j'avais conscience que l'antisémitisme existait encore, je ne pense pas, l'horreur me semblait trop grande pour faire encore place à un tel sentiment ! Quelques années plus tard, je travaillais alors dans une agence bancaire dans le centre de Paris, il me fut donné d'en découvrir une version banale, quotidienne. Deux femmes qui travaillaient avec moi l'étaient. Elles se détestaient l'une l'autre, mais, quand un de nos nombreux clients juifs - nous étions proches du sentier - entrait, instantanément, je les voyais communier dans leur haine commune. Haine est peut-être trop fort, encore que, pour avoir la force d'être antisémite dans les années soixante, il fallait soit une vraie haine, soit une imbécillité colossale. Elles avaient, d'une certaine façon, les deux. Je ne raconterai que l'histoire concernant un vieux client, commerçant, juif. C'était un vieil homme charmant. Il venait au moins une fois par semaine, ne voulait être servi que par la chef de service, une des deux antisémites. Chaque année il lui faisait cadeau d'un article de sa boutique qu'elle se faisait un devoir de lui faire changer contre un autre, comme une cliente mécontente. Je crois qu'il savait son antisémitisme et qu'il s'amusait d'elle. Il en avait vu, étant donné son âge bien d'autres, mais il y avait quand on y réfléchit quelque chose d'extraordinaire dans son comportement alors qu'il était un rescapé. Un jour, il reçut de l'étranger, d'un frère, une forte somme. Il y avait à l'époque le contrôle des changes, nous dûmes lui  demander ce que représentait cette somme, ils nous le dit, nous lui demandâmes un justificatif, il nous présenta une lettre de son frère, en yddish, que nous lui demandâmes de faire traduire. Cette lettre d'une dizaine de pages, relatait l'histoire de la vie de son frère et surtout, le prêt qu'il lui avait fait, le don serait plus juste, de 500 dollars en 1917, quand, fuyant la Russie, celui-ci s'était présenté à lui et était parti s'installer grâce à cette somme aux Etats-Unis. Il racontait comment là bas, à partir de ce petit capital, il avait fait fortune et disait que la fin de sa vie approchant, ses fils se partageraient son bien mais qu'il voulait pour être en règle avec Dieu l’être avec son prochain, bref, le rembourser. Il évaluait les 500 dollars de 1917 et envoyait une somme rondelette. " C'est une belle somme !", c'est ce que me dit le client alors que je venais, en l'absence de la chef de service que je remplaçais, de lire sa lettre. Il continua. " Avec les intérêts, cela ferait beaucoup aujourd'hui !" Je dis oui, que cela ferait plus que le capital estimé par son frère. Il me demanda de calculer cette somme en intérêt cumulé de 1917 à ce jour. Je le fis. Il resta un instant à rêver sur la somme puis, en riant, il me demanda mon calcul et me dit : " Je vais lui demander les intérêts, s'il me les envoyait !"

 

J'avoue que j'étais un peu stupéfait de cette réaction comme je le fus la seconde fois, quand la même affaire se reproduisit quelques mois plus tard avec un cousin parti en Argentine. Je regardais mon homme avec intérêt, il était un curieux mélange de générosité, de grande générosité et de quelque chose que je ne savais qualifier, je me refuse à utiliser pour cela nos mots, ni âpreté, ni avarice ne conviennent. Il n'y en avait nulle trace en lui. Il m'avait dit : " Il veut se mettre en règle avec Dieu, alors ..." Autour de moi, le concert antisémite y allait évoquant « cette avarice » qui était bien selon eux, le propre de cette race ! Ils faisaient ainsi bon marché des dons  bien réels de 1917, du fait que jamais cet homme n’avait demandé quoi que ce soit aux gens qu’il avait aidés. Nous en connaissions deux, il y en avait certainement eu d'autres. Je le regardais comme une force de vie avec ses contradictions apparentes et je ne doutais pas un instant que cette personnalité riche, généreuse quoiqu'en disent les autres, était justement la vie, la vraie vie, autre chose que les lèvres minces, le nez pincé et la voix sifflante de ses détracteurs aveuglés par une haine injustifiée. J'ajouterai que ces antisémites avaient des problèmes personnels qui pesaient lourdement sur leur existence, en aucun cas, les juifs ne pouvaient être pris pour boucs émissaires de ces problèmes, mais, ils devaient quand même payer et quand j'eus la maladresse d'admirer à haute voix cette générosité dont témoignaient les aides pour lesquelles il n'avait jamais demandé quoi que ce soit, on me répondit : " C'est naturel, ils sont comme cela, c'est une mafia !" Voilà comment on sépare les choses et qu'après avoir transformé en mauvais le meilleur on est bien aise de rire du reste !

 

Quelque temps plus tard, arriva dans ce service un vrai juif. Je ne résiste pas à donner son nom : Lévy. Il avait un nom emblématique, il avait aussi ce que ces gens appelaient le " type ", il était intelligent, jeune il arrivait droit de l'école. En butte à l'hostilité générale, il se rapprocha de moi et nous devînmes amis. Je dis bien hostilité générale, car le venin et la haine de deux personnes ressortaient sur le comportement des autres, suiveurs prompts à embrasser les préjugés ambiants. Je ne me souviens pas que nous parlions beaucoup de l'antisémitisme, je savais qu'il supportait mal la haine ambiante à son égard, elle me scandalisait. Nous nous entendions d'autant mieux que comme moi avec les catholiques, il était en rupture de milieu au plan religieux. Il ne resta pas parmi nous, il eut raison, j'avais découvert sous son vrai jour le hideux visage du racisme et d'un racisme bien particulier, machinal, faisant appel à de nombreux automatismes, des sortes "d'acquis historiques". Je devais en cette occasion me remémorer un autre racisme, ambiant durant ma jeunesse, auquel j'avais échappé partiellement parce que dans ma famille on estimait que l'Algérie comme toutes les colonies avait le droit à l'indépendance, c'était celui qui concernait les algériens, on employait beaucoup à l'époque le terme de " bougnoules " de très nombreux français l'employaient comme ils avaient employé celui de rital pour les italiens. Ce racisme prenait sa source dans la peur, lui aussi s'étayait d'acquis que les pratiquants considéraient comme allant d'eux mêmes tels des caractéristiques supposées des maghrébins.

 

Et puis, il y eut des années heureuses, la guerre d'Algérie était terminée, peu à peu, ce fut long, les algériens redevenaient aux yeux de tous des hommes comme les autres, je ne rencontrais plus de manifestations d'antisémitismes ou de racisme, hasard ? Il est vrai que j'avais changé de milieu professionnel et que j'évoluais au milieu de gens plus cultivés, je devais découvrir par la suite que ce critère n'est hélas pas définitif au sujet du racisme.

 

Il y avait eu aussi Israël, je ne crois pas avoir jamais eu de sympathie pour le sionisme et ce projet qui se réalisait me semblait sans que je me le dise, monstrueux. Aujourd'hui je le dis, c'est une de ces monstruosités héritées de ce XIXème siècle dont le scientisme en a alimenté bien d’autres, certainement parce qu’il faisait supposer aux hommes de cette époque que « tout peut se régler »! D'ailleurs ces juifs que je connaissais le mieux parmi ma clientèle, dont j'estimais beaucoup la plupart pour eux d'abord, en partie peut-être aussi parce que je voyais les autres les haïr sans raison, n'étaient pas, tout comme moi, et il s'en fallait de beaucoup pour certains, des partisans zélés de cette création. (*1

 

Je l'ai dit, l'idée des camps si elle était restée vivante en moi avait été reléguée au second rang, dans une zone obscure où elle pesait certainement, mais je suis sûr que je n'aurais pas pu vivre normalement si elle était restée aussi obsédante que dans ma jeunesse.

 

Oui, il y eut des années qui me semblent aujourd’hui avoir été heureuses durant lesquelles, le communisme étant le grand mal, le reste semblait aller s'améliorant lentement, mai 68 malgré son lot de déceptions ayant fait parti de cette illusion.

 

Dans les années quatre-vingt, je rencontrais deux incroyables antisémites. Ils croyaient et dénonçaient un complot international des Rockefeller au même titre qu'ils ressortaient cette vieille imposture, le Complot des Juifs de Sion! Un jour, l'un des deux me passa un livre traitant de cela, je le feuilletais, il me souleva le coeur, je le rendis sans commentaire et en refusai d'autres. Le mal revenait, je savais qu'il était toujours là, rampant, souterrain. Il n'allait pas tarder à relever la tête. Comme beaucoup, je crus lors des premiers votes massifs pour l'extrême droite, qu'il s'agissait de votes de protestation. Le régime de la cinquième république ne m'avait jamais plu, l'évolution économique était catastrophique et je la comprenais trop bien pour l'approuver et m'en réjouir. Je haïssais Mitterrand, vieux cheval de retour de l'ancienne droite pétainiste, magouilleur visqueux, envieux, ambitieux de bas étage entouré d'énarques, la manière de la contestation me déplaisait mais qu'elle se manifesta ne me déplaisait pas. Je découvris le caractère violemment raciste et antisémite de cette extrême droite, comme les autres, au fil des accrocs de son sinistre leader! Ce fut un accablement, il me semblait que nous revenions au Moyen-âge, d'ailleurs ces gens en sortaient directement avec en plus, les plus horribles oripeaux du nazisme! Leur performance électorale s'améliorant au fil des élections, je dus me rendre à l'évidence, dans ce pays où vivent des millions d'arabes, de noirs, d'asiatiques, au milieu de nous, travaillant avec nous, dans les mêmes usines ou bureaux, habitant avec nous, fréquentant les mêmes commerçants, eux-mêmes nos commerçants, nos médecins, avocats ... alors que je m'amusais depuis toujours à retrouver parmi eux les mêmes travers que ceux que je connaissais si bien chez les français de ma jeunesse, il y avait des gens, nombreux, pour affirmer à leurs dépens une supériorité illusoire, une volonté de fermeture imbécile !

 

C'est un peu après quatre-vingt-un, qu'un incident d'apparence banale attira mon attention. Je regardais, comme je le faisais souvent, Place de l'Opéra, les passants et les passantes, peut-être plus les passantes. Cinq ou six jeunes, venant certainement de beaux quartiers d'après leur tenue, vendaient à la criée un torchon d'extrême droite, dont je n'ai pas oublié le titre qui déshonore le nom d'un littérateur mort il y a longtemps. Ils étaient arrogants, personne ou presque n'achetait. Une femme d'une soixantaine d'années, se jeta sur l'un d'entre eux, elle lui arracha des mains son paquet de journaux, les jeta en criant : " Vous ne savez pas ce que vous faites! C'est horrible !" Les autres accoururent, prêts à se battre, la femme, habillée d'un très beau tailleur, elle aurait pu être leur mère, pleurait. Ils partirent assez peu fiers. Cette femme pleurant parce que ces imbéciles vendant leur salade raciste lui rappelaient soit sa famille exterminée, soit un séjour dans les bras de la mort, peut-être les deux, ressemblait à Simone Weil, une des rares personnalités du monde politique que je respectais. Des années plus tard, quand je vis Madame Simone Weil, assise à coté de Pasqua à une tribune et plus tard encore quand je l'entendis répondre à la question que je me posais : " Etre assise à coté de Pasqua ne vous dérange-t-il pas ?» « - Il rassure certains électeurs!" c'est moi qui eut envie de pleurer !

 

C'est l'époque où je redécouvris un auteur sinistre que certains portent au pinacle : Céline. Je réessayais de lire ce Voyage au bout de la nuit qui m'a toujours paru un livre vil, une sorte de thriller avant la lettre, fait pour plaire, pour être vendu, mais attachant ses lecteurs y compris de gros bataillons d'anarchistes imbéciles qui ne comprennent pas que ce livre dit le contraire de ce à quoi ils croient, par des choses basses. La suite de la carrière de l'auteur tout autant que ses mensonges, prouve que c'est bien de cela qu'il s'agit. J'entendais certains de ses admirateurs très suspects à mes yeux, s'extasier sur le style, la musique, j'entendais parler des pamphlets, le comble de la bassesse pour certains, anodins pour d'autres, le comble était chez l'un de ses partisans qui accusait les détracteurs de ne pas les avoir lu. Je me les procurais, je les lus, je fus édifié! Bassesse n'est pas assez pour qualifier cette sous littérature de bazar et l'on comprend pour quelle raison les ayant droit refusent la réédition, de peur que leur idole ne s'effrite et s'écroule sous cette révélation! Je l'ai dis, il n'y a pas un seul des innombrables imitateurs de ce prétendu génie qui soit un écrivain de talent ! Cela tient à une chose très simple ! La musique dont on se gargarise chez lui, n'est pas la musique des sons, provenant de la prononciation des mots, non, c'est une musique faite d'un combiné entre le sens, les suggestions perverses, les sons, la charge d'émotion des mots utilisés ou suggérés. Ce n'est pas la phrase déstructurée qui, chez lui, a un sens, c'est l'association émotionnelle de certains mots qui se fait chez le lecteur. Et cette association, bien entendu est tirée par l'auteur dans le sens de ses idées, si l'on peut appeler idées ce qu'il y distille ! Dans un tel exercice, la musique est inséparable du contenu émotionnel, elle est le contenu émotionnel, et chez Céline le contenu est immonde, c'est cela qui me rend suspect tout admirateur ! Ou il ne lit pas Céline comme il le faut, comme Céline l'a voulu et il n'est pas qualifié, ou il le lit de la bonne façon et il devrait en avoir la nausée ! D'ailleurs, Céline ne s'est pas trompé quand il a, dans un de ses seuls textes lisibles pour moi, l'Agité du bocal, affirmé que Sartre était un de ses disciples, bien que les styles diffèrent, il y a parfois chez ce dernier un alliage, bien inférieur, mais de même nature !

 

J'ose à peine dire que je commençais à comprendre ces hommes qui se sont donnés la mort par désespoir lors de la montée du nazisme ! Pas les comprendre intellectuellement, non, les comprendre dans ma chair jusqu'à ressentir ce besoin de la mort pour me laver de la saleté que je vois se dérouler dans le monde. Les crimes de toutes sortes au Moyen-Orient, aux Etats-Unis où l'on coupe hâtivement les têtes à la chaîne, (image !) en Afrique où l'on meurt dans des guerres entretenues par les intérêts des pays développés qui utilisent les nationalismes tribaux africains et où l'on meurt de faim au nom du mondialisme. En Europe où le fascisme et le racisme relèvent la tête et trouvent des échos non seulement chez une droite trop sensible à ces sirènes noires, mais aussi, parfois, dans d'étranges dérives d'une gauche qui n'a plus aucun rapport avec ce titre qu'elle revendique et pourquoi oublierais-je ces hommes, ces femmes, ces enfants qu’on voit chaque jour, dans nos rues, tendant la main parce qu’une société qui réglemente tout, y compris où les chiens doivent pisser, - Bruxelles ! Ah ! Bruxelles ! - n’est même pas capable de leur donner le travail auquel ils ont droit  et les conditions de vie qui font l'homme !

 

Oui, le désespoir peut se saisir de nous ainsi et nous étreindre, quand quarante ans après notre jeunesse, on découvre qu'on a vécu inutilement dans un monde qui malgré la disparition du communisme n'est qu'une immense régression, quand on comprend que la leçon des camps n’a pas été reçue. Elle est bien autre chose que ce que les exploiteurs du souvenir prétendent. A chaque fois que la condition d’un seul homme, dans le monde, est bafouée, c’est une pierre, un bout de bois de plus qu’on apporte dans la construction de nouveaux camps !

 

Il y a les petites lumières, illusions peut-être, mais espoir quand même. Ces jeunes, la plupart n'ayant pas encore dix-huit ans, qui sortent dans la rue pour crier leur colère. Eux ont de bonnes raisons. Je regarde mon fils de six ans, beau petit viking, fils d'une mère algérienne, ma fille, celle que j'élève, onze ans, fille de la même mère et d'un père pakistanais. Elle me dit que, dans sa classe, il n'y a, sur vingt six élèves, que quatre enfants de français sur quatre générations. Tous les autres découvrent au moins un ancêtre étranger, comme certains, d'ailleurs, des hommes et des femmes qui crient stupidement aujourd'hui, ce slogan imbécile et dépourvu de sens, " La France aux Français !" Oui, eux savent que la peau ne sépare pas, et puis, il y a ces jeunes noirs qui dans la rue me saluent en souriant. Ils ne sont pas différents de ce que j'étais à leur âge, différence de génération, c'est tout. Je me reconnais mieux en eux que dans ce veau à particule - leader des jeunes frontistes - qui criait je ne sais quelles stupidités racistes l'autre jour !

 

Alors, l'espoir ! Oui, puisque c'est finalement notre métier d'homme et que de ne pas s'y abandonner serait la dernière lâcheté ! Un espoir mesuré, conscient que toute chose est toujours à refaire, que rien, jamais, n'est acquis ! Tiens, j'ose à peine rappeler ce que disais un distingué biologiste : " il y a moins de différence entre un noir et un blanc qu'entre un groupe sanguin A et un B," de peur qu'un jour, une extrême droite quelconque n'inscrive le groupe sanguin comme critère racial sur les cartes d'identité ! Et, imaginez ces cons, construisant des camps de concentration et d'extermination pour les groupes sanguins "O", coupables de pouvoir donner leur sang à tous ! L'espoir nous ordonne la vigilance et de ne pas oublier qu'avec l'homme, le pire est presque toujours certain ! On me dira « vous êtes loin de votre judéité ! », c’est simplement que vous n’avez rien compris.

 

*1) Il est évident que cette opinion sur le projet sioniste de l'origine, projet fort compréhensible de la part d'hommes persécutés, rejetés par les pays dans lesquels ils s'étaient intégrés les servant - souvent très bien - ne faisant qu'y vivre leurs particularismes religieux et culturels ce qui est le cas de bien d'autres communautés que personne ne songe à persécuter, n'aboutit pas à nier une évidence : l'existence aujourd'hui incontournable d'un pays et d'un état : Israël. Pays qui de surcroit aurait pu être une véritable chance pour la région. Personne ne reproche aux Turcs la fin de Byzance et l'occupation de l'Asie mineure ayant appartenue à l'Empire, il serait aussi stupide de reprocher à Israël son existence.

 

EN MARGE : parlons d'Israël.

Je ne suis pas sioniste, je déteste cette doctrine, je suis de ceux qui ont toujours dit que le peuple Palestinien n'avait pas à payer les erreurs de l'Europe et j'ai vu en Sharon un criminel. Mais le temps passe, Israël existe, il n'a jamais été question de nier cette réalité et il serait imbécile de le faire aujourd'hui en approuvant ceux qui ne reconnaissent pas cette existence. On ne peut pas avoir dit pendant des années qu'Israël avait intérêt à s'entendre avec les pays voisins sans constater l'évolution récente de sa politique. Pas encore parfaite, cette politique permettait aux Palestiniens de cesser le combat terroriste pour se battre sur un autre plan : celui de la réussite. Hors il s'avère qu'une fois de plus ce malheureux peuple choisit de faire le plus mauvais choix possible. Tuer des israéliens, des civils ou des militaires non agressifs, chez eux, qui ne font que protéger leur population, cela ne sert à rien, cela est criminel quand l'opportunité d'une véritable paix était bien là. L'Europe a cessé temporairement de financer les Palestiniens et elle a raison. S'ils ne veulent pas de la paix, qu'ils assument leur décision. Israël a fait beaucoup d'efforts récemment et n'a pas été payé de retour. Dès lors, il ne reste que la force pour se défendre, pour venger et punir les assassins. Israël aujourd'hui est appelé à la fermeté non seulement contre les Palestiniens irresponsables mais encore vis à vis de cet Iran des fous. Il n'est pas envisageable que l'état israélien laisse les assassins de Téhéran, les fous d'un Islam qui commence à dépasser toutes les limites acceptables au niveau international, en possession d'une arme atomique dont on peut être sûrs que ces fanatiques se serviront.

 

EN MARGE DE L'ANTISEMITISME

Vivons-nous dans un monde dans lequel tout problème, toute réflexion doit être située par rapport à l'antisémitisme ? Cette lèpre a-t-elle tellement gangrené notre civilisation que tout devrait y être soumis à une question : telle ou telle chose favorise-t-elle ou non l'antisémitisme ? Si tel est le cas, alors les choses sont très graves, rien n'est plus possible. Le monde dans lequel une contrainte règle tout, permet de déterminer la valeur de toute chose, est un monde totalitaire. Si l'antisémitisme est l'aune à laquelle tout doit être mesuré, il a triomphé, il règne en maître absolu. Le problème n'est pas, hélas, seulement théorique. Il ne s'agit pas seulement de déterminer si une idée doit être condamnée au titre qu'elle peut être reprise, utilisée à des fins immondes par des tarés, malades, qui s'appellent antisémites, mais bien de savoir si les cibles de ces antisémites, à priori, les Juifs, sont en danger du fait, non pas de ces idées, mais de ce qu'en peuvent tirer les fous. Face à chaque manifestation de violence, de force aveugle, d'extrémisme, nous nous retrouvons devant le même dilemme : passer outre et assumer les conséquences, ou se soumettre aux dictats des violents en pensant par rapport à eux.

Je ne me suis pas posé cette question sans raison. C'est, alors que j'essaie depuis longtemps de comprendre comment a pu naître et se développer le sentiment religieux, comment les religions ont pu naître et évoluer, sans jamais imaginer que cette réflexion puisse avoir quelque rapport que ce soit avec une chasse aux responsables, aux boucs émissaires puisqu'il s'agit de phénomènes qui prennent naissance dans la plus vieille histoire ou préhistoire de l'homme, avec ses premiers balbutiements, et que je n'imagine pas une seconde que l'on puisse décider sous prétexte que l'Islam et le Christianisme sont des évolutions régressives du sentiment religieux de mener une guerre contre, je veux dire une guerre intolérante, à coups d'assassinats, d'interdits et de chasse au sorcières, ni que l'on puisse réveiller les bons vieux sentiments antisémites sous prétexte que ces deux religions s'inspirent de la religion juive ! Alors ? Le christianisme réaliserait-il ce tour de force d'interdire toute réflexion sur sa nature au nom de la lutte contre un antisémitisme dont il fut le principal moteur durant au moins quinze siècles ? Le communisme a été une idéologie hautement mortifère, fait-on aujourd'hui, la chasse aux communistes alors qu'ils se coulent dans le creuset d'un courant généralement admis comme représentant la liberté ?

 

POURQUOI L'EXTERMINATION ?

Je ne suis pas un spécialiste de l'histoire récente. Le nazisme appartient à notre histoire. Je crois cependant que l'extermination des juifs par les nazis découle de cette conception de l'homme objet qui a été la conséquence la plus forte et la plus durable de la Révolution française, de la Révolution industrielle et du libéralisme. On n'a plus compté l'homme dans les grands projets. Il n'a été qu'une matière à utiliser. Les guerres napoléoniennes ont été le premier des grands massacres modernes. Après elles d'autres ont eu lieu qui relevaient du même mépris de l'homme, simple ressource pour les bourgeois républicains, comme la répression dans un bain de sang programmé de la Commune. La guerre dite des Boers, qui vit les Anglais créer les premiers camps de concentration. La guerre de 1914-1918 fut le grand massacre de l'épanouissement du monde moderne. Il était là, en gestation, en création depuis plus d'un siècle, le conflit rendu possible par de longues propagandes, par des diplomaties de guerre pratiquées pendant plus de cinquante ans, a été mené sans l'ombre d'une velléité de vouloir y échapper de la part des dirigeants bourgeois. Communisme et fascismes en ont été deux fruits pourris, avatars du même mépris fondamental de l'homme : celui du bourgeois libéral pour la Ressource Humaine. Si les Juifs ont été choisis par les Allemands comme victimes, c'est parce que l'antisémitisme était vif en Autriche patrie d'origine du fou auquel l'Allemagne s'était donnée. L'idée antisémite, la haine qui l'accompagne, a fait des Juifs les victimes, mais ce qui les a tués, exterminés, c'est la violence faite à l'homme, elle est toujours au cœur de notre société : coupables nous disons plus jamais cela, nous faisons des lois pour essayer de protéger les Juifs de l'antisémitisme, c'est bien, nous nous rassurons et il serait terrible que le même peuple paie une seconde fois, mais la violence est toujours là, quotidienne, la Ressource Humaine est toujours disponible et nous ne voulons pas voir les camps installés dans notre société avec leurs barbelés : chômage et misère, leurs gardiens : propagande et éducation, sans parler des guerres dans lesquelles nous laissons allégrement basculer des régions au nom de pseudo principes comme lors de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, ou du pillage brut et sans masque comme celui auquel se livrent les Américains en Irak ou celui, monstrueux, des anciens pays de l'Est après la chute du mur.

Après tout, peut-être que cette négation de l'homme par l'homme égoïste qui profite de la société et la gère à son profit, est-elle de tous les temps et de toutes les civilisations qui dès lors ne méritent pas vraiment leur nom. Notre société n'a révélé l'horreur qu'en passant à la phase industrielle. Dans ce cas, nous n'avons vécu que des répétitions et le pire est encore à venir.

LE JUIF FACE AU CHRISTIANISME

Le chrétien s'est fait une image du Juif qui tient autant à sa religion qu'à la religion juive dont elle est issue. Pour lui, le Juif est bien le responsable de la mort du Christ, c'est également celui qui n'a pas reconnu le Messie annoncé par ses propres textes et, pour cela autant que pour sa responsabilité dans la mort du Christ, le chrétien décide que le Juif est maudit et condamné à errer jusqu'à la fin des temps. La lecture des épitres de Paul fait comprendre comment les premières communautés chrétiennes qui étaient juives, ont été persécutées par les Juifs orthodoxes au milieu desquelles elles vivaient. C'est certainement là qu'est née chez les chrétiens la haine des Juifs bien qu'ils l'aient eux-mêmes été. Le christianisme qui se veut rapidement "universel", qui rêve très vite de pouvoir et de puissance, va renverser le rapport aux Juifs alors même qu'il se déjudaïse. Dès lors, il va s'établir entre le Juif, victime, et le Chrétien, bourreau, un jeu de miroir qui fera du premier aux yeux du second ce qu'il le fait lui-même et fera du Juif l'éternel coupable/victime. Le Juif est-il tenu à l'écart, il est déclaré inassimilable parce qu'il reste dans sa communauté. Abandonne-t-on les métiers d'argent qui dès lors seront exercés par certains juifs, qu'on le déclare avare, usurier. On l'expulse après l'avoir spolié, on déclare qu'il est un éternel nomade, errant. Que les persécutions le condamnent à la solidarité, on lui reprochera des tendances mafieuses ...  On le fait ainsi différent pour lui reprocher sa différence et on le taxe, le dépouille, on nie ses droits.

En a-t-on fini de ce jeu ? Pas sûr. Ainsi, depuis des mois, les Palestiniens bombardent les villes israéliennes sans que cela gêne le moins du monde les états européens prompts à s'alarmer pourtant quand la Russie se défend de l'agression odieuse et imbécile des géorgiens ! Pas un de ces états n'accepterait qu'une seule roquette tombe sur un champ désert à la frontière de son territoire, mais, Israël réagit-il à ces agressions répétées, on voit tous ces grands indifférents s'alarmer et demander la modération ! Ces gens ne sont pas très loin des chrétiens du Moyen Âge !

Au-delà de cette histoire, de cette triste histoire, il faut s'interroger sur une religion "d'amour" qui est autant criminelle - le christianisme -. L'Islam est une religion conquérante et finalement rien ne peut étonner des exactions et de l'intolérance de certains musulmans. Chez les chrétiens, les textes sont sans ambiguïté et condamnent toute violence, force est dès lors de constater que la racaille papale autant que la protestante - aujourd'hui beaucoup plus agressive - sont en dehors de leur religion, représentent des éléments totalement dégénérés qui ne peuvent prétendre se référer au message christique. D'ailleurs la préférence marquée pour l'ancien testament, fourmillant de violences et de menaces, de dieu vengeur, est chez les protestants très significatives. Mais la folie antisémite est elle bien catholique même si elle est largement partagée par les orthodoxes qui, en Russie, se livrèrent sous les tsars aux mêmes crimes que les catholiques en Europe occidentale.

CES CATHOLIQUES QUI S'ACCORDENT L'ABSOLUTION

J'entendais il y a peu, un catholique ultra, se féliciter de ce que ce sont les nazis qui ont commis le crime de la tentative d'extermination, du massacre de six à huit millions de Juifs et de Tziganes. Mémoire courte que celle de ces ultras prompts à ne pas assumer leurs responsabilités. D'abord, il est incontestable que les catholiques eurent pour le nazisme une étrange faiblesse, du moins cette partie du catholicisme qu'est la hiérarchie de l'Eglise. Ensuite, nul ne saurait nier l'origine chrétienne et plus particulièrement catholique de l'antisémitisme. Ce ne sont pas les nazis qui ont inventé l'antisémitisme, la culpabilité supposée du peuple Juif. Cela, ce long travail préparatoire au grand massacre, cette persécution presque deux fois millénaire, cette désignation d'un coupable universel : le Juif, c'est bien l'œuvre du christianisme et c'est bien dans la poubelle chrétienne que le nazisme a été chercher cette partie de sa doctrine. Si en France l'état de Vichy a anticipé sur la demande allemande et entreprit de lui-même la déportation sachant pertinemment ce qui attendait les victimes qu'il livrait au nazis, c'est peut-être parce que ce gouvernement de Pétain était lié à l'église catholique, prétendait défendre ces fameuses valeurs chrétiennes qui, de tout temps, comportaient la persécution des Juifs. Les chrétiens, les catholiques sont responsables de ce qu'ils ont inspiré, de ce à quoi ils ne se sont pas opposés alors qu'ils en avaient le pouvoir. L'élection d'un pape nazi qui s'empresse de réintégrer au cœur de l'Eglise des évêques antisémites est encore là pour témoigner de la responsabilité de l'Eglise et du fait qu'elle n'a pas compris et ne comprendra jamais au-delà de ses discours. Ce sont les gestes qui comptent, aujourd'hui ils parlent encore contre des chrétiens incapables de se débarrasser définitivement de cette lèpre fondamentale de leur politique : l'antisémitisme.

Philosémites et antisémites.

On sera peut-être surpris de ce qui suit, mais je considère le philosémite comme une sorte particulière d'antisémite, un antisémite non dangereux dans les faits, mais dangereux dans les idées. En effet, le philosémite part de la même base que l'antisémite, à savoir que "le Juif" est une personne dont les caractéristiques sont définies par cette race imaginaire qu'il suppose. Pour lui, les particularités de celui qu'il appelle "le Juif" sont positives et il va chanter sa gloire. Mais ce qui est dangereux, ce qui relève du même racisme que celui de l'antisémite, c'est la base même de son sentiment : "le Juif" possède des caractéristiques spéciales. Ainsi un homme tel que Drieu la Rochelle, passera de ce sentiment philosémite à l'antisémitisme sans avoir à faire un grand pas, il lui suffira de transformer en défaut ce qu'il considérait comme des qualités. Définir un "type Juif", des caractéristiques juives, c'est faire des Juifs des hommes différents, c'est affirmer que lorsque l'on est Juif on est typé, défini par cette appartenance ; c'est du racisme que ce soit dans le sens laudateur ou celui du mépris. Je veux bien qu'il y ait une culture juive comme il ya une culture chrétienne, mais la culture n'est pas une prison et elle ne définit pas forcément un homme qui y baigne. D'ailleurs, certaines cultures se recoupent, se complètent, sont parties d'autres, ainsi, en France, la culture chrétienne, la culture juive, la culture athée, en supposant qu'elles existent aussi simplement que dans ces définitions étroites, sont parties d'une culture française, cette dernière évolue sans cesse de la même façon et parfois par, ses composantes. Une appartenance culturelle peut, parfois, expliquer certaines choses, certaines opinions, certains préjugés, certaines caractéristiques d'un homme, elle ne peut pas le définir.

 Quand un journaliste prétend faire son métier !

"Êtes-vous sous influence juive ?", telle est la question odieuse qu'un certain Jean-Claude Bourdin a osé poser, il appelle cela "faire son métier" et "dire la vérité !". Quel métier ? Celui des journalistes de la France de Vichy ? Peut-il nous dire ce Monsieur Bourdin ce qu'est une "influence Juive." ? Ce concept, s'en rend-t-il compte s'apparente à l'existence d'un complot juif. Sous cette question qui est tout sauf banale, il nous sert, cet antisémite, une nouvelle variante du complot des Juifs de Sion ! Influence juive ! Aurait-il demandé à un autre interlocuteur s'il était sous influence musulmane ? catholique ? athée ? bouddhiste ? jéhoviste ? Que signifient ces simplifications odieuses qui semblent se référer à des attitudes uniques au moins pour la communauté juive, puisqu'il ne connaît pas semble-t-il d'autres influences? Il veut dire la Vérité ! Celle de Drumont ?  Va-t-il demander aux gens sous "influence juive", parce qu'ils sont proches d'un ou d'une juive, de porter une étoile jaune ? Cette vieille pourriture est dans certains cerveaux gélifiés tellement implantée que des hommes tels ce prétendu journaliste qui confond calomnie et vérité, qui utilise des concepts "influence juive" sans signification, sans contenu, qui ne peuvent être utilisés que par les antisémites les plus attardés, ceux qui attribuent aux Juifs des attitudes communes, des opinions communes, des actions communes, des caractéristiques communes uniquement en raison de leur appartenance à ... à quoi ? Une religion ? Une ethnie ? et qui, de plus, influencent à un tel point ceux qui les approchent que ceux-ci en deviennent suspects et doivent être dénoncés au titre de la Vérité ? La vérité, Monsieur Bourdin, c'est que vous puez, vous sentez Drancy et Vichy, Céline et Drumont, vous nous faites remonter cette vieille pourriture de la société chrétienne, catholique, qui a abouti aux camps de la mort ! Six ou sept millions de morts, Monsieur Bourdin, cela ne vous suffit pas, il vous faut encore une Vérité du Juif malfaisant ? Il vous faut encore dénoncer les Juifs ? Vous faites pitié, la connerie d'un tel comportement en 2015 est affligeante ! Et que certains puissent vous considérer comme un journaliste en dit long sur la pourriture de cette profession !

Sous quelle influence êtes-vous, Monsieur Bourdin ? Sous celle de Mein Kampf ? Allez, dites-nous la Vérité !

   http://andrebourgeois.fr/chroniquej.htm

RIEN D'AUTRE QU'UN SINISTRE CON : Jean-Marie Le Pen.

Il serait peut-être temps de déchoir ce nazillon de seconde zone de ses droits civiques et de l'interdire d'expression publique. Pour la troisième fois, il a jugé utile d'affirmer que les "chambres à gaz" ne sont qu'un détail de l'histoire, les réduisant à l'importance d'un obus qui éclate. Que les amis nazis de ce marchand de musique nazie, aient tué plusieurs millions d'hommes, d'enfants, de femmes, dans le but d'exterminer ce qu'ils considéraient (à tort) comme une race, en se préoccupant uniquement du moyen le plus économique de parvenir à leurs fins, que l'extermination des Juifs et des Tziganes aie été planifiée et mise en œuvre de façon industrielle, non seulement ne lui pose aucun problème, mais il en réduit l'importance à une sorte de péripétie guerrière, ce qu'elle n'a été en aucun cas. L'extermination industrielle, planifiée des Juifs et des Tziganes a été un crime contre l'humanité d'une dimension nouvelle et inimaginable, rendue possible par les victoires des nazis mais n'ayant absolument rien à voir avec la guerre. Cette horreur qui fait douter aujourd'hui encore de l'homme, a été l'œuvre collective d'un peuple qui s'était donné à un fou. On ne peut tolérer en France la banalisation de ces crimes dans un contexte tendu où d'autres, souvent proches de cet abruti, appellent à la haine sur fond de conflit israélo-palestinien. Les tribunaux français me semblent bien frileux dans la défense de la mémoire des victimes, des millions de victimes, qu'ils ont parfois contribué ainsi que leur police, à envoyer à la mort. La Shoah a été possible en raison du silence, silence complice des catholiques, origine de l'antisémitisme, silence complice de la grande majorité de la population partagée entre lâches et assassins au moins par sympathie avec les criminels, complicité active de Pétain et des ordures de Vichy, de la police française. Silence déshonorant de l'armée française, celle qui fut complice des nazis dans sa débâcle organisée et par son silence approbateur lors des persécutions, des rafles et des déportations toutes œuvres de français. Les crimes de la France contre les Juifs de France sont trop grands pour que nos juges puissent encore, aujourd'hui, se rendre complices par leur légèreté qui ne pourrait être perçue que comme une nouvelle complicité, après celle de la longue indulgence vis-à-vis d'un Papon. La bête n'est pas morte, le Borgne en est un avatar que nous ne pouvons accepter, qui n'a pas sa place dans notre communauté, cette ordure, ce résidu, doit être condamné une fois pour toutes au silence et si cela est indispensable à la prison. N'oublions pas qui arme la main des terroristes ! Ce sont ces excréments de la société qui désignent les Juifs aux fous ! Des excréments, tout organisme sain, comme dirait ce salaud, doit savoir s'en débarrasser, dans une vraie démocratie, c'est le rôle de la justice, mais il est vrai que la nôtre n'en est qu'un piètre simulacre !  (2-4-2015)

 

 

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