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HUGUES REBELL

(Georges Grassal dit,)

1867 (Nantes) - 1905 (Paris)

Messagerie : ( Bourgeois.andre@9Online.fr ) ( Français seulement, les pièces jointes ne sont jamais ouvertes. )

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Plusieurs histoires ou dictionnaires de littérature française passent complètement sous silence cet écrivain original dont l'œuvre forte demeure une curiosité et dont les poèmes des Chants de la pluie et du soleil, dédiés à son ami, René Boylesve, ont inspiré les Nourritures Terrestres. (Mais il ne faut pas trop demander aux auteurs de ces pauvres choses qui, tout comme les historiens, travaillent plus au présent pour des intérêts trop réels qu'au passé par passion!)

Rebell est un écrivain solitaire et individualiste qu'on a trop facilement classé comme un pornographe pour mieux l'oublier. On connaît encore ses Nuits Chaudes du Cap français. C'est également un écrivain polémiste dont le petit essai Union des trois aristocraties (1894), celles du nom, de l'argent et du talent, établit une philosophie politique originale et surprenante qu'on qualifia peut-être trop rapidement de réactionnaire en la prenant en tant qu'absolu. Il fut salué par Maurras et l'Action Française reprit non sans ajustements un "abrégé" de ce petit texte en 1905 (n°148 du 15 août). Il faut encore une fois rendre hommage à la collection 10/18 qui dans sa série 'fin de siècle" sous la direction de Hubert Juin, consacra cinq volumes à Rebell (1978/1979).

REBELL ET BOYLESVE

LA FEMME QUI A CONNU L'EMPEREUR :

 

Ce roman de Hugues Rebell fait un peu penser dans ses premières pages, à la Becquée de son ami Boylesve. On y voit un enfant entre sa grand-mère nourricière et sa tante un peu folle, vivant près de son oncle, ancien conseiller d'état du second empire. Dans cette partie, une certaine légèreté de ton se substitue à l'observation psychologique des romans de Boylesve. Rapidement, avec l'arrivée du cousin Victor, le roman bascule dans un autre genre qui fait plutôt penser au picaresque. C'est d'abord un faux marquis italien, vrai escroc, puis un général en retraite, une comtesse, un évêque de Jéricho qui prennent le pas sur les premiers personnages qui ne sont plus que des spectateurs, jusqu'à l'arrivée de la Femme qui a connu l'Empereur dont le récit s'insère dans le roman un peu à la façon de Sade, comme c'est un peu d'une autre façon du même que les considérations sur l'Empire se mêlent aux aventures de l'espionne amatrice de l'Empereur. Car le roman est bien un éloge permanent de l'Empereur et de l'Empire et une analyse simpliste de la déchéance de ce dernier avec l'institution de l'Empire libéral. Rebell illustre ici ses idées sur la société et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles s'en tirent assez mal au milieu de ces petits bourgeois qu'on nous présentent comme des piliers de l'Empire autoritaire ! La lecture reste cependant agréable d'un bout à l'autre du roman et l'on aurait même tort de passer les longues pages consacrées à l'Empire tant le point de vue peu banal de Rebell mérite le détour!

"Voilà pourquoi Tante Rachel, justement  effrayée de sa responsabilité non moins que des lourdes charges qui pèsent sur ses épaules, a pris le parti, ne pouvant soigner Grand'mère, de se soigner elle-même."

"Tante  Rachel essaie de familiariser son esprit avec le crime, s'ingénie même à se faire peur, pour n'avoir pas trop d'épouvante quand surgiront ses meurtriers."

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Hugues Rebell mourra en 1905, ruiné, au milieu de sa bibliothèque de grande valeur, sans accepter d'y renoncer.

"Mais si l'artiste a besoin d'un public, il ne peut accepter celui que lui offrirait la démocratie moderne, il désire l'approbation des esprits, et non l'applaudissement bruyant des foules." (Les trois aristocraties)

"Oh! si vous n'étiez pas des aveugles, si vous connaissiez le vaste Monde, si parfois vous aviez senti l'écume vous fouetter le visage et aspirer l'haleine salée du vent de mer, si vous aviez parcouru les cités immenses,- les villes du travail et les villes de la jouissance!- comme votre grave rêverie vous paraîtrait puérile, et vain ce songe que vous faites chaque jour, d'une humanité qui n'est pas humaine, d'une société qui n'est pas sociable." (Les chants de la pluie et du soleil.)

"Je veux être un homme, cela seul m'importe.

"J'ai en douaire non l'éternité, mais la vie, et je veux la vivre." (Chants de la pluie et du soleil)

BIBLIOGRAPHIE DE HUGUES REBELL

- Les jeudis saints - Nantes - Wieweg - 1886

- Les Méprisants - Vanier - 1886

- Tymandra - Vanier - 1887

- Les Etourdissements - Vanier - 1888

- Athlètes et Psychologues - 1890

- Baisers d'ennemis - Sauvaître - 1892

- Union des trois aristocraties - Bibl. de la Plume - 1894

- Les chants de la pluie et du soleil - Charles - 1894

- Le magasin d'auréoles - Marpon et Flammarion - 1896

- La Nichina, Mémoires inédits de Lorenzo Vendramin - Marpon et Flammarion - 1896

- La Clé de Saint-Pierre (Ballet) - Bibl. de la Plume - 1897

- La femme qui a connu l'Empereur -Marpon et Flammarion - 1898

- Lettre à un catholique - Charles - 1898

- L'espionne impériale (cf La femme qui a ...) - Marpon et Flammarion - 1899

- La Calineuse - Rev Bl - 1899

- La Camorra - Rev Bl - 1900

- Brocanteuse d'amour - Per Lamm. - 1901

- Entre peau et cuirasse 1901

- La saison à Baia - Borel - 1901

- Trois artistes étrangers - Robert Shérard, Sattler, Félicien Rops - Tricon - 1901

- Les nuits chaudes du Cap français - Libr. de la Plume - 1902

- Les Inspiratrices de Balzac, Stendhal, Mérimée 1902

- Le baiser d'une esclave - Per Lamm - 1903

- Femmes châtiées - Carrington - 1903

- V. Sardoa - Juven - 1903

- Cinq histoires vécues - Carrington - 1904

- Le Diable est à table - Mercure de France - 1905

- Gringalette et autres textes - 13 rue du Fg Montmartre - 1905

- Au service de l'Empereur, Journal d'un valet de chambre - (avec Mitty) - Michel - 1907

- Les chants de la Patrie et de l'Exil - Libr de France - 1930

 

INVOCATION

J'entends la grande voix de Nature.

C'est comme un flot qui arrive de loin et se brise et s'étale en frange d'écume sur l'immense rivage.

C'est le chant d'un orchestre voilé, par un soir de Mai étincelant d'étoiles.

C'est une lamentation de veuve monotone et douloureuse ainsi que les pluies.

Ce sont les rires d'un peuple d'enfants, c'est une forêt vivante d'oiseaux en gaieté.

J'entends la grande voix de nature.

Et je le dis : ceux-là se trompent qui voient en elle une petite soubrette au nez retroussé, ou une vieille dame à principes, ou telle courtisane s'offrant dans un retroussis impudique de jupes.

Elle est chaste, voluptueuse, cruelle, tragique, joyeuse, triste, infinie!

O mère, Mère divine!

Créatrice infatigable des formes et des rythmes,

Je me ris d'un art qui va en des chemins étroits bordés de haies ou de murailles,

Et de ceux qui jouent sur des chalumeaux à trois notes leurs ritournelles.

J'entends la grande voix de Nature.

Et je vais avec ceux qui veulent voir le vaste monde et que tentent le bruit de la mer

Et les horizons qu'on découvre à l'aube du haut des monts.

O Mère, Mère divine!

Mère de beauté, mère de volupté douce et mélancolique,

Je te salue!

Car je sens la vie universelle,

La vie glorieuse des prairies sous le soleil,

La vie des forêts dont les cimes frémissent sous le vent,

Et celle des peuples qui s'agitent dans les cités; -

La vie des choses et des âmes!

Activité, complexité miraculeuse du monde!

D'impudentes sciences en deux mots veulent te décrire,

Les arts en leurs étroits réseaux t'emprisonnent :

Insensés!

Qui pourra dire la gerbe éblouissante des astres,

Quels parfums emportent les brises du soir,

Et de quelles fleurs la main capricieuse de l'Eté sème les champs!

J'entends la grande voix de Nature,

Et devant le ciel illuminé,

Le port en rumeur,

La cité bourdonnante,

Et les champs au loin enveloppés de brume bleue;

Devant les hommes qui reviennent en sueur du travail,

Et la beauté des femmes qui passent sveltes dans le crépuscule,

Je te salue,

Je t'adore,

Je t'invoque,

Mystérieuse! Immense!

(Chants de la pluie et du soleil)

Modifié le 15 février 2003

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