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Quand la merde submerge les écuries ...

Quoi que l'on pense des gouvernants : on leur accorde encore trop de crédit.

Retour Sartre

La plus grande erreur de la génération Sartre n'a-t-elle pas été de se tromper de champ de bataille ? Aujourd'hui, il est courant et facile de dire : Sartre s'est trompé. On vise ainsi ses engagements aux cotés des communistes qu'il se réservait le droit exclusif de malmener. Mais Sartre, ainsi que le rappelle Claude Lanzmann, c'est aussi l'engagement pour la décolonisation. Le paradoxe de cette décolonisation, c'est qu'elle s'est effectuée sur fond de nationalisme. Nationalisme des intérêts menacés, ceux des " patries " dominantes, nationalisme des intérêts émergents, ceux des groupes qui voulaient le pouvoir chez les colonisés et à l'extérieur : Etats-Unis et Union Soviétique, bons samaritains dévoreurs. Hors, le nationalisme n'a jamais voulu quoi que ce soit de bon pour les peuples qu'il n'a jamais considérés que comme l'instrument du pouvoir et qui ont toujours tous été des colonisés. Le nationalisme n'est que la justification des appétits de la petite et grande bourgeoisie. Dans un tel contexte, n'était-il pas fatal que ce qui l'emporte soit ce que l'on a en face de nous à présent : l'égoïsme forcené, la cupidité illimitée de la grande bourgeoisie qui instrumentalise les autres strates d'un ensemble qui ne pèsera guère plus, en un état avancé du projet, de vingt pour cent de la population des pays dits " développés " et cinq pour cent des autres ? La bête se pourléchait les babines durant cette lutte pour la décolonisation qui se trompait de cible. Ce n'était pas le pouvoir de la France sur l'Algérie qu'il fallait mettre en bas, c'était le pouvoir de la canaille sur deux peuples qui n'étaient qu'un dans la diversité : celui des exploités et des victimes.

Bien entendu, Sartre, comme d'autres, le savait. Mais il y avait le communisme. Cette horrible caricature des aspirations populaires, à laquelle a succédé le socialisme, cette trahison des mêmes aspirations. Aspirations qui dans le désarroi peuvent se réfugier dans le fascisme ou le néo nazisme.

Sartre avait tort quand il voyait en de Gaulle un second Franco ! Bien. mais qu'a fait De Gaulle - après avoir avec ses complices communistes rendu la France ingouvernable durant dix ans - sinon mettre au pouvoir en Algérie une redoutable bande de crapules et préparer au nom de la " modernisation " le règne actuel de ces autres crapules cupides de la bourgeoisie financière ? On ne dira jamais assez que le néo libéralisme n'est que la forme économique du nazisme dont il a pris la relève dans la stratégie de conquête du pouvoir des grands magnats de la finance ( les mêmes européens ou américains, qui finançaient Hitler ), dont il a le cynisme imbécile, la même irrationalité criminelle, le même goût de la violence et le même besoin de propagande ininterrompue.

Nous avons échoué dans toutes les directions et le bateau ivre que nous ont légué nos parents est plus fou que jamais.

Qu'on nous traite de populistes, qu'on nous accuse d'enfoncer des portes ouvertes, qu'importe ! La vérité, c'est qu'il n'est qu'un combat politique : rentrer dans le lard de ceux qui se prennent et se croient l'autorité et qui, quoi que puisse être le déguisement dit démocratique, n'ont aucune légitimité. Cette vérité a un corollaire : ce lard est sale et mauvais, il broie et ceux qui n'ont pas le goût du martyr, qui ne sont pas prêts à se sacrifier - rien ne mérite de façon absolue le sacrifice d'un être - ceux qui ne voient pas dans un tel combat une chance de se réaliser, peuvent passer au large, fermer les yeux. Mais alors, au moins, qu'ils sachent et ne soient pas dupes.

Un homme de pouvoir, même de ce misérable pouvoir des médiocres représentants actuels de la société cupide, est un salaud, un hypocrite, un ennemi.

En ce qui me concerne, il ne me reste qu'un dernier plaisir de vaincu : cracher à la gueule des vedettes de ce monde de merde en voyant la mort justicière se dessiner dans leurs orbites fiévreuses. Car, regardez tel agité caricatural de ce monde de pouvoir illusoire, ivre de désir d'autorité, malade de sa médiocrité de petit crabe, saoulant le monde de déclarations toutes plus imbéciles les unes que les autres : il pue déjà la mort ! Toute agitation n'est que le prélude de la mort qu'elle porte et dont son inutile dépense d'énergie est l'instrument. Je n'irai pas cracher sur vos tombes, mais je sais que des générations entières chieront dessus, cela ne me réconforte même pas.