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LES ŒUVRES : Leurs oeuvres

 

LA NOUVELLE REVUE FRANCAISE

LA VIEILLE DAME A CENT ANS

1909 - 2009

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La Nouvelle Revue Française a cent ans, les éditions Gallimard qui en sont nées, fêtent comme il se doit cet anniversaire.

Consanguine ou héritière de l'Ermitage de René Mazel, des Marges de Eugène de Montfort et de Antée dans laquelle ont écrit des membres du premier groupe, et où on trouve les signatures de Maurice Denis, Charles-Louis Philippe, Jacques-Emile Blanche et Eugène de Montfort, mais malgré tout nouvelle et indépendante, la Nouvelle Revue Française qui devait devenir célèbre sous le simple sigle de N.R.F. connaît un premier démarrage en novembre 1908, puis un vrai en février 1909, c'est cet anniversaire qui est célébré cette année. Voulue par André Gide qui avait réuni autour de lui un petit groupe d'amis et de fidèles qui grossira au fil du temps, la revue répond à une volonté d'indépendance et d'ouverture à tout ce qui est littéraire.

Contrairement à ce qui a été le cas d'autres revues, mais ne constituant pas un cas unique, la revue donnera naissance à un éditeur, Gallimard qui prendra le relais du Comptoir d'édition de la NRF. Ci-dessous trois couvertures marquent la progression, d'abord " Editions de la Nouvelle Revue Française ", en 1923, pour Le Suborneur d'Abel Hermant (un exemplaire réservé aux bibliophiles), " Librairie Gallimard - Editions de la Nouvelle Revue Française " , en 1927 pour Jérôme 60° latitude Nord de Maurice Bedel et, enfin, " Gallimard " pour Le Bateau-Refuge de Robert Francis, le sigle NRF subsistant. L'éditeur sera à la mesure de la revue et deviendra rapidement le numéro un de la littérature de qualité tout comme la revue qui animera véritablement les lettres françaises durant un demi siècle avant de s'endormir dans le train train d'une littérature où les écrivains ont abandonné pour la plupart le rôle d'éveilleur au profit de critiques stipendiés et médiocres.

Gide, Jean Schlumberger, Henri Ghéon, André Ruyters, Michel Arnauld, Jacques Copeau seront l'armature des premiers pas. Dès le premier numéro 1 du 15 novembre 1908, on trouve les noms de Paul Claudel ou Edmond Jaloux dans la liste des collaborateurs, liste qui disparaît du second numéro 1 du 1er février 1909. Dans cette liste on peut relever les noms de Louis Codet et de Pierre Villetard dont on trouve les noms sur ce site, ils étaient liés à Eugène Montfort. Les prix Nobel, Gide, Martin du Gard, Saint-John Perse, François Mauriac, Albert Camus, Jean-Paul Sartre seront des auteurs de la maison, dans les auteurs étrangers Gallimard, en cela reflet de la revue, trustera les Nobel comme ceux, français ou étrangers, qui auraient aussi bien pu l'être.

Les éditions Gallimard ont, pour marquer l'événement réédité les deux numéros 1 de la revue, consacré un numéro spécial au souvenir ainsi qu'un album, celui de l'exposition "En toutes lettres" à Coligny (Suisse) à la Fondation Martin-Bodmer. Une nouvelle histoire de la revue, signée Alban Cerisier, a également été publiée.

Gide, par la volonté duquel la revue a vu le jour, n'en a jamais été Directeur. C'est Eugène de Montfort, l'homme des Marges, qui figure en tant que tel dans le premier numéro 1, dans le numéro 1de février 1909 on trouve un Comité de direction, un triumvirat composé de Jacques Copeau, André Ruyters et Jean Schlumberger. Par la suite sera créé un poste de Secrétaire occupé par le dolent Pierre de Lanux puis par Jacques Rivière, à la mort de ce dernier, Jean Paulhan prendra les rennes, puis, durant l'occupation, Pierre Drieu la Rochelle qui ne sera pas suivi par André Gide et ses proches mais dans l'ombre duquel on trouvera encore Jean Paulhan, résistant. A la libération le titre N.R.F. sera interdit comme celui d'autres journaux et revues accusée de collaborationnisme. Elle ne reparaîtra qu'en 1953 sous le titre de Nouvelle Nouvelle Revue Française, la Nouvelle N.R.F. 

L'histoire des débuts de la N.R.F a été écrite par Auguste Anglès dans son monumental "André Gide et le premier groupe de la Nouvelle Revue Française" - trois volumes dans la collection Bibliothèque des Idées chez Gallimard.

Les positions de Gide seront au cœur de plusieurs polémiques. Celle de Henri Béraud, la Croisade des longues figures ni très relevée, ni très intelligente à laquelle Gide ne répondra pas. Plus sérieuse celle de Henri Massis et l'Action Française. Il y aura visant Gide les attaques après la publication de Corydon, issues des arrières salles de presbytères, puis, plus nombreuses et plus violentes, celle du Retour d'U.R.S.S. certains pamphlets comme celui de Fernand Grenier étant édités sous une couverture imitant la fameuse couverture NRF de Gallimard, preuve de réussite, Corréa imitera également la couverture à liseré rouge et noir. C'est dans la NRF que Drieu et Aragon polémiqueront en 1925 (août et septembre) quand Drieu rompt avec les Surréalistes ... Des numéros spéciaux marquaient fréquemment la mort d'un auteur ou collaborateur important ou d'un fondateur tels que Gide, Proust, Conrad. Certains ont été réimprimés.

En 1939 déjà, Gallimard pouvait publier un livre de L.Morino "La Nouvelle Revue Française dans l'histoire des lettres" sans être le moins du monde ridicule.

 

Deux collections de l'éditeur qui correspondent au désir d'ouverture sur le monde : Les documents bleus qui éditeront Freud, Gide, Maurice Garçon, des études littéraires sur Anatole France, Dostoïevski, des récits de voyage, des livres "sportifs" ... et Les contemporains vus de près avec des biographies de Staline, Mussolini, Mustapha Kemal, Clemenceau, Hindenbourg, Soun Iat-Sénn, Stresemann mais aussi Debussy, Dostoïevski, Amundsen, Séverine, Zola, Wilde ou Raspoutine ... La croisade des Longues figures, les attaques de ce pauvre Béraud contre la NRF, commercial et marchand.

La place de la N.R.F. dans la littérature française du XXème siècle : 1908 - 1943 - Gallimard Cahiers de la NRF - 2009:

Les entretiens de la Fondation des treilles, un bel ensemble de textes qui nous permet une fois de plus de plonger dans ce passé prestigieux de la revue. A noter les dates : 1908, cela va de soi, 1943 fin de la première NRF, la seule.

 UN CENTENAIRE ENTACHE D'ANTISEMITISME COMMERCIAL

Pour fêter l'anniversaire de la N.R.F., la maison Gallimard sort en Pléiade la correspondance d'un grand humaniste. Celle de Gide, me direz-vous et il est normal que ce nom vous vienne à l'esprit puisqu'il a été le fondateur de la N.R.F. et de la maison Gallimard qui, à l'origine, n'était que le comptoir d'édition de la revue, et que la correspondance de Gide est la correspondance littéraire plus importante du vingtième-siècle. Et bien, vous vous trompez ! C'est la gloire pré et post concentrationnaire de la littérature française qui sera éditée dans la pléiade en cette année de centenaire, un homme d'une haute stature morale et intellectuelle, un maître à penser pour la Nouvelle N.R.F., très "nouvelle" en effet ! A quand les pamphlets dans l'honorable collection puisqu'il paraît qu'on peut les lire, selon un intellectuel négationniste, sans prendre connaissance de leur contenu ! La littérature quand même ! C'est beau ! Dommage que cela ne ressuscite pas les huit millions de morts dont Céline écrivait : ce n'est pas assez, il en reste, disait-il et il ne faisait pas confiance à Hitler pour finir ce qu'il appelait "le travail" ... La pléiade, elle, fait confiance à Céline, ... il rapporte ! Que voulez-vous, il va permettre d'amortir Sarraute !

 

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